Attention, sous ce pavé il y a la plage, mais il va falloir creuser !
Prologue
La durée de vie des êtres vivants est essentiellement conditionnée par leur nature spécifique (Un éléphant vit plus longtemps qu’un éphémère), mais aussi, et ceci de façon importante, par leur milieu. Viennent ensuite le hasard (Famine, accident, altercation, prédation…), les aléas climatiques et les intempéries, et le bagage génétique individuel, bien sûr…
Si un chat de ferme (ou féral) vit deux à trois ans, son homologue de salon peut vivre cinq à dix fois plus longtemps. Ils ont peu ou prou les mêmes chances à la naissance, mais l’alimentation, les maladies, les blessures leur imposent un parcourt différent et beaucoup plus court pour l’infortuné.
On peut en déduire que la vie « domestique" prédestine à une vie plus longue et, parfois, plus "heureuse".
Mais qu’en est-il de nos hôtes d’aquarium ?
Théoriquement bien nourris, et en l’absence de maladie et de prédateur, ils devraient vivre bien plus longtemps que dans la nature.
Et pourtant, ce n’est que rarement le cas !
En effet, compte tenu de ce qui est dit plus haut, on pourrait penser qu’un poisson en captivité pourrait vivre trois fois plus longtemps (au moins) que son homologue sauvage. Mais qu’en est-il vraiment ?
Quels sont les facteurs limitant de la longévité de nos hôtes ?
Que peut-on mettre en oeuvre pour leur assurer longue vie et prospérité ? 🖖
Ce fil n’a aucune prétention scientifique et de nombreuses exceptions ne seront pas prises en compte.
Il doit se lire dans un premier temps comme une reflexion personnelle, rien de plus, mais j’espère votre participation pour agrémenter cette réflexion.
Au fur et à mesure des publications, et des commentaires qu’elles suscitent, elles rejoindront le pavé initial pour former un tout que j’espère constructif.
Bonne lecture.
Introduction
On trouve souvent sur les fiches des bases de données, des longévités supposées en captivité. Le plus souvent ce ne sont que des approximations qui n’ont pas grand chose à voir avec la théorie et si peu avec l'expérience.
La longévité de Chromobotia macracanthus par exemple, est souvent estimée entre huit est dix ans dans le meilleurs des cas, alors que bon nombre de poissons de cette espèce ont vécus vingt-cinq ans dans de bonnes conditions de maintenance.
On trouve cinq ans pour Corydoras paleatus, alors que certains en vivent quinze, voire plus encore. Le record de longévité est détenu par Corydoras aeneus avec 27 ans.
Et que dire des escargots du type néritine, qui vivent deux à trois ans en moyenne en aquarium alors qu’elles vivent plus de dix en dans la nature... Et des Macrotocinclus qui n’atteignent presque jamais les dix ans théoriques que leur confère leur prédisposition naturelle (relation morphologie/écologie/éthologie) ?
Le cas typique du poisson-rouge mérite d’être mentionné. La plupart des gens pensent qu’un Bubulle ne vit qu’un ou deux ans. La plupart des aquariophiles savent qu’il peut vivre dix ou quinze ans, et les spécialistes annoncent plus de vingt ans et même quarante… mais c’est un record.
Alors pourquoi nos écailles passent-elles l’arme à gauche plus tôt que prévu ?
Acte 1
Les antécédents.
Les poissons récemment acquis meurent parfois prématurément, sans raison apparente.
Les aquariophiles le savent, le poissons nés chez eux vivent plus longtemps.
Il y a plusieurs raisons à cela.
La plupart du temps, ce sont les conditions de transport et de maintenance des animaux qui n’a pas été fait dans de bonnes conditions.
Pour s’en convaincre, il suffit de lire les déboires de certains d'entre nous quant à l’acheminement de leurs commande d’une part, et de se promener en animalerie avec un conductivimètre d’autre part.
Résultat, les animaux arrivent stressés voire en très mauvais état de chez l’éleveur et, en animalerie notament, sont acclimatés à la va-vite dans une eau qui ne leur convient pas.
Qui n’a pas vu en grande surface des sacs de transport flottant dans des bacs tout-venant ?
Les vendeurs ne tiennent visiblement compte que de la température et aucunement des paramètres de l’eau de transport. Il en résulte un choc physico-chimique qui met l’animal en grande difficulté.
Il stresse, développe des maladies, et meurent peu de temps après leur acquisition… parfois même si l’aquariophile met en place un protocole d’acclimatation irréprochable.
L’état sanitaire de départ ?
Il est difficile de remettre en cause l’état sanitaire des bacs d’élevage des professionnels. Leur survie en dépend.
On peut en revanche s’inquiéter de la médication excessive qui fragilise l’immunité naturelle des animaux. Mais c’est une autre histoire.
La consanguinité ?
L’élevage intensif, et la sélection qui en découle, crée des sujets affaiblis qui, s’ils gagnent en couleurs ou en voilure, deviennent fragiles et sont fréquemment porteur de tares génétiques.
Le cas des Betta splendens est connu. Sélectionnés à outrance pour un marché de grande consommation, ils sont presque toujours "tarés" et développent très souvent des tumeurs. Ils pourraient théoriquement vivre dix ans… ils n’en dépassent que rarement trois ou quatre.
Le cas des Carassius auratus difformes en est un autre. Il est de plus représentatif de notre manque total de respect pour le monde animal. (Mais ce n’est que mon avis).
Le transport ?
De toute évidence, le transport martyrise nos hôtes. Il faut cependant bien différencier le transport de longue durée (international parfois), du transport de proximité.
Sur le premier nous n’avons guère d’influence, sauf à ne choisir que des transporteurs agréés, seuls habilités au transport d'animaux vivants.
Sur le second en revanche nous sommes seuls responsables. Il faudra veiller à ne pas faire de bêtises. En fonction de la distance à parcourir, du mode de transport, et de la saison, on pourra opter pour la poche en plastique nue ou pour la glacière, avec ou sans chaufferette.
L’acclimatation ?
Il y a là matière à reflexion.
Comme la plupart des animaleries, beaucoup d’aquariophiles débutants ne tiennent compte que de la température. Il est impératif de vérifier les paramètres de l’eau de transport, qui donne une indication sur les conditions d’élevage et d’acheminement.
Mais nous avons déjà débattu sur ce sujet.
Alors la longévité est-elle influencée par les antécédents ?
Sans doute. Mais il semble que le principal problème* vienne des animaleries qui ne tiennent quasiment jamais compte du biotope spécifique à l’animal reçu.
Armez-vous d’un conductivimètre, vous en serez convaincu.
*On devra ici mettre de coté le problème de la sur-sélection et de la consanguinité, mais on y reviendra sûrement.
L'achat coup de coeur est à bannir. On ne repart pas chez soi avec un poisson dans une poche en plastique sans avoir réfléchi à son transport, son acclimatation, mais aussi sans s'être renseigné sur sa provenance, sur ses conditions de maintenance passées et future. Les animaux ne sont pas des jouets !
En attendant, on peut raisonnablement se demander si le jeu en vaut bien la chandelle. Beaucoup d’aquariophiles, surtout les plus aguerri-e-s, préfère de loin les formes sauvages aux poissons hyper-sélectionnés.
En effet, pourquoi choisir des "monstres" créés pour notre seul plaisir, défaisant en quelques sélections ce que Dame Nature a mis des milliers d’années à bâtir ?
Mais ce n’est pas le sujet, n’est-ce pas ?
Acte 2
L’accueil
Après avoir passé en revue les problèmes ayant pu survenir avant l’acquisition de nos animaux, tâchons de balayer devant notre porte.
Quelle incidence peut avoir la maintenance sur la longévité de nos hôtes ?
Allez, courage. Continuons à creuser !
Les paramètres généraux ?
Les bases de données donnent une fourchette de paramètres supportables pour une espèce donnée. Comment faire autrement ?
Mais l’aquariophile novice y voit une autorisation de dérapage. Il fait chevaucher les « fourchettes » de telle façon que chaque espèce accueillie se trouve dans ses limites d’acceptation. Pour certains d’entre nous, cette aquariophilie communautaire non biotope, est une hérésie.
Certes toutes les espèces convoitées pourront être dans leur fourchette d’acceptation, mais aucune ne sera dans sa zone de bien-être.
Le cas des escargots Neritina, Nerite… est navrant. Vendus pour l’eau douce, la plupart du temps comme « mangeurs d’algues », ces escargots, bien que supportant l’eau douce, devraient être maintenus en eau dure, voire saumâtre.
Ils pourrait vivre dix ans… ils n’en dépassent que rarement deux.
Le cas des Geosesarma sp. crabes terrestres, le plus souvent mal identifiés, qui meurent noyés dans des aquariums.
Le cas des potamodromes qui demandent à changer de milieu au cours de l’année, comme la plupart des habitants des fleuves soumis aux variations saisonnière.
Et le cas des sténotopiques si étroitement liés à leur milieu qu’ils ne peuvent être accueillis qu’en bac biotope spécifique.
Le manque de place ?
Dans les bases de données, encore une fois, un volume minimum est proposé pour chaque espèce, parfois complété d’un volume conseillé (comme sur B-Aqua).
Le volume minimum n’est qu’une limite basse à ne pas dépasser. Le volume conseillé est une valeur plus adaptée au bien-être des animaux accueillis.
Et encore faut-il bien garder à l’esprit que ce volume est donné en fonction d’un nombre d’individus minimum, conditionné par le mode de vie de l'espèce, et à l’exclusion d’autres espèces.
En clair, si on convoite deux espèces nécessitant cent litres chacune, cela fait un volume deux cents litres à partager ! En fait c’est un peu plus compliqué, mais c’est l’idée. ;-)
Les cas des Scalaires, vendus jeunes, et qui demandent, au bas mot, quatre-cent cinquante litres pour grandir harmonieusement, est malheureusement l’un des plus souvent évoqué.
Ils pourrait vivre vingt ans… ils n’en dépassent que rarement huit parce qu'atteint de nanisme dû à l’étroitesse de leur bac.
Et celui assez fréquent aussi des Botia (o) qui sont achetés petits et qui demandent six cents litres pour grandir harmonieusement.
Ils devraient atteindre (au bout de vingt-cinq ans) plus de trente centimètres n’en dépassent que rarement la dizaine pour cette raison, et pour de nombreuses raisons non encore évoquées, comme une nourriture et un substrat non-approprié. Mais nous en reparlerons.
Le manque de territoires pour chacun ?
Une des principales sources de stress et le manque de « territoires » adaptés.
Le stress entraine mal-être et maladies qui mènent souvent à une mort prématurée.
On ne devrait pas parler d’un territoire, mais de zones. Le territoire vital pour une espèce donnée n’est pas seulement un lieu d’un volume suffisant (voir plus haut). Un territoire c’est un espace de gagnage, plus un lieu de quiétude, un lieu de frai et un lieu susceptible d’être partagé, qui n’empiète sur aucun des trois autres.
Ici, on devra détailler un peu les différents problèmes rencontrés du fait de l’exigüité de nos aquariums.
La pression due à la promiscuité :
Si une espèce de banc peut vivre en grand nombre et même ne vivre qu’en grande formation pour certaines, la plupart des poissons n’apprécient pas la présence d’autres poissons plus grands ou plus taquins. Cette situation entraine une inquiétude maladive qui écourte grandement l’espérance de vie.
La prédation, le harcèlement :
Bien sûr la prédation sur les alevins notamment fait chuter la longévité, mais le harcèlement hiérarchique ou sexuel en fait tout autant.
Les reproductions à répétition et non annuelle, entrainent souvent la mort des femelles par harassement, et des mâles lors des querelles de voisinage.
Il est important de limiter les périodes de frai pour les espèces soumises à des variations saisonnières de milieu. Dans la nature, la reproduction continue est rare. Elle est le plus souvent annuelle, même si une deuxième période, souvent moins féconde, peut avoir lieu.
Autre forme de harcèlement, les Barbus et autres Puntius qui sont des enquiquineurs, stressent souvent les espèces plus paisibles, comme les Gourami par exemple. Ils les embêtent tant, que ceux-ci en perdent l’appétit et meurent… mais au moment du frai, ce sont les Barbus qui en font les… frais. Ces mêmes Gourami devenus soudain très très farouches, les attendent aux tournant et il n’est pas rare que lesdits Barbus soient retrouvés morts au petit matin.
Les arthropodes, si fragiles pendant la mue, ont pour leur sécurité un besoin impératif d’une retraite efficace et sûre. Durant toute leur vie, ils devront pouvoir bénéficier individuellement d’un lieu de quiétude adapté.
La mue est le moment où le taux de mortalité monte en flèche chez les écrevisses notamment.
Le manque (ou l’excès ?) d’interactions sociales :
La grégarité et la convivialité
On ne dira jamais assez que les poissons grégaires doivent être élevés en groupe aussi important que possible. L’effet de banc ou de groupe est indispensable à la quiétude, et même parfois à l’expression du frai. C’est le cas de Barboides gracilis
Certains poissons, crustacés ou même mollusques, sont si sociables qu’ils meurent rapidement s’ils sont maintenus seuls ou en trop petit nombre.
Note : il est parfois important pour une espèce donnée, d'être en présence d'une autre espèce qui joue un rôle apaisant...
Les dither fishes
Le terme dither fish, "poisson sentinelle" fait référence à un groupe arbitraire de poissons d'aquarium, couramment utilisé par les aquariophiles, pour aider à réduire la timidité et l'agressivité innées ainsi que pour promouvoir un comportement social normal chez les autres poissons hébergés dans le même aquarium. Certes ils annoncent un danger, mais leur confiance en revanche, calme durablement l'ensemble du bac.
L’ennui : chasse, vie de groupe.
Les poissons grégaires, les poissons de banc, doivent vivre en groupes plus ou moins important selon la place disponible.
Il en va de leur sécurité, mais aussi de leur bien-être. Esseulé, un poisson s’ennuie et s’inquiète, il dépérit rapidement.
Les (soi-disant) solitaires
Ici on peut se demander si la vie en solitaire est une bonne chose. À y regarder de plus près, un animal solitaire… ça n’existe pas ! Il aurait depuis bien longtemps disparu. :-)) Si le bien-être animal passe par la sécurité physique et alimentaire, elle passe aussi par une vie sociale et sexuelle riche. Conserver un poissons seul, sans contact avec d'autres membres de son espèce est sans aucun doute contre nature. Interdire à un individu le contact avec ses congénères est vraisemblablement une cause de mort précoce.
Les prédateurs doivent chasser.
Les prédateurs ont besoin de chasser pour leur bien-être. Il est impératif de leur fournir régulièrement des proies vivantes afin d'attiser leur instinct.
Ne les nourrir qu'avec des paillettes sèches ou même des proies surgelées, conduit à une "clochardisation" délétère, et diminue leur espérance de vie.
Attention ! : Un prédateur a tendance à trop manger si la nourriture est facile à saisir, il faut le nourrir seulement trois fois par semaine afin d'éviter des dommages de croissance, sauf à ne lui fournir que du vivant.
Manger à sa faim ne suffit pas, il faut qu'il participe activement à la recherche et à la prise des proies. Manger une nourriture morte n'aboutit qu'à une "clochardisation" préjudiciable à sa santé aussi bien mental que physique.
Un ou plusieurs jours de jeûne sont nécessaires à une croissance harmonieuse.
Sans un régime approprié, un prédateur s’encroute et sa vie en est écourtée.
Le régime alimentaire ?
Puisque nous y sommes, parlons nourriture.
Bien sûr la nourriture influe grandement sur la longévité de nos animaux.
Inadaptée, en quantité ou en qualité, la nourriture pourra être un facteur déterminant.
Le cas des carinotetraodons, exclusivement molluscivore, des prédateurs comme les Dario sp. Myanmar, qui refuseront d’autre nourriture que des proies vivantes adaptées, le cas des Anentome helena achetés pour "exterminer" les escargots, ou des Macrotocinclus acquis pour détruire les algues… ne sont que quelques cas emblématiques cachant une forêt d’erreurs irréparables.
Le plus souvent ces quatre là meurent de faim faute de nourriture appropriée.
Les vendeurs (encore eux) ne jurent que par les paillettes et autres granulés, faciles à stocker et à vendre. On trouve aussi de nos jours des surgelés.
Toutes ces nourritures industrielles ne remplaceront jamais une nourriture fraiche, vivante… naturelle quoi !
Même les omnivores, prompts à engloutir leur ration déshydratée, ont besoin de proies vivantes appropriées pour leur santé, leur moral, et pour stimuler le frai.
La concurrence alimentaire
À cheval sur l’alimentation et le manque de place, la concurrence joue un rôle certain dans le mal-être de certaines espèces.
Nocturnes et crépusculaires, les silures de verre par exemple, chassent mieux à l’affut, dans la pénombre. Les maintenir en bac communautaire les prive le plus souvent de nourriture. Elles n’y vivent pas longtemps.
Les incompatibilités
On peut cité le cas du CO2, incompatible avec les Corydoras, du sable grossier incompatibles avec les géophages (Geophagus, Mikrogeophagus...) et les fouisseurs (Pangio, corydoras...), des rochers abrasifs incompatibles avec la plupart des rhéophiles.
Tout ces aménagements entrainent des lésions irréversibles qui finissent par sérieusement gréver l'espérance de vie de nos hôtes.
Alors la longévité est-elle influencée par la maintenance ?
On ne peut le nier. C’est juste une évidence.
Le non respect de l’écologie et de l’éthologie propre à l’espèce accueillie, semble être la principale cause de mortalité prématurée une fois le poisson acclimaté.
Le non respect des variations saisonnières (du biotope, ou due à la migration) et, plus généralement, des paramètres de maintenance, semble être, avec l’exiguïté (éthologie) et l’alimentation (écologie), le facteur limitant.
Attention ! : Un poisson qui fréquente une large gamme d'habitats dans la nature, est donc soumis à d'importantes variations saisonnières, d'où son apparente tolérance à des paramètres de l'eau extrêmement divers. En réalité, ses exigences initiales sont déterminées par la localité et la saison de collecte. Il est donc préférable de demander à votre grossiste leur lieu de pêche des poissons convoités et les conditions d'eau dans laquelle ils ont été maintenu jusqu'a l'achat.Le respect des variations saisonnières propres à son milieux lui assurera de plus une longévité accrue.
Le bac communautaire non biotope, surtout de petit taille est un non-sens. Il ne permet pas aux animaux de trouver, dans un si petit espace, l’espace vital dont ils ont besoin. (Mais ce n’est que mon avis.)
L’aquariophile doit soigner l’accueil de chacun de ses animaux et ne choisir que des animaux d’un même milieu, mais ne partageant pas la même niche écologique. Dans un bac de moins de trois cents litres, le choix sera limité dans la plupart des cas. De cette façon, chaque espèce, et chaque individus de ces espèces trouvera la place qui lui convient, et vivra "heureux"… et longtemps.
Acte 3
Le cas particulier de la "reproduction".
Après avoir passé en revue les problèmes ayant pu survenir avant l’acquisition de nos animaux, lors de la maintenance communautaire ou pas, examinons le cas particulier de la procréation*.
Le frai, ou l’absence de frai a t-il une influence sur la longévité de nos hôtes ?
Allez, en avant. reprenons la pelle !
On entend souvent les débutants dire « Pas de danger, je ne tiens pas à avoir des petits ! » ou « je n’ai pris que des mâles pour ne pas être embêté ! ».
Imaginez une vie sans amour… qui en voudrait ?
La plupart des animaux, mais aussi des plantes et de tout ce qui est vivant, n’aspirent, consciemment ou inconsciemment, qu’à laisser une descendance. Priver un animal de ce besoin vital est un non-sens... Mais ici le bien-être animal se heurte aux contraintes de l’aquariophile, voire de l’aquariophilie. S’il existe un stress certain dû au frai, l’absence de frai crée surement un mal-être préjudiciable. Difficile de statuer sans exemple. C’est bien pour cela que ce chapitre complexe méritait un « acte » pour lui tout seul.
Les Gourami et autres faiseurs de bulles, espace vital et hausse de la criminalité.
La reproduction des labyrinthidés, engendre de nombreux problèmes qui peuvent réduire grandement leur longévité… ou celle de leur entourage. Comme tous les territoriaux, leur querelles hiérarchiques engendrent leur lot de morts prématurées. Les mâles, mais aussi les femelles, n’hésitent pas à jouer du couteau pour rester seul-e-s en lice. Les perdants perdent bien souvent plus que leur honneur. Une fois le choix fait, l’agressivité va se tourner vers les autres occupants du bac, surtout les poissons de surface qui seront toujours trop près du nid. Là encore, il y aura des pertes. Puis les jeunes vont naitre et la formation de leur labyrinthe sera un moment décisif. Beaucoup mourront si on a pas pris les précautions nécessaires… Puis la progéniture grandissant, les querelles reprendront. On le voit, à chaque étape Atropos va jouer du ciseau.
Les Pangio, sous l’oeil de Taranis.
Les loches ne sont pas très facile à maintenir, et leur longévité est faible en aquarium. Ces sont des potamodromes qui passent de la profondeur des fleuves au rives inondées. En soi, c’est déjà une difficulté, mais le plus dur reste à venir. On dit que les Pangio frai lors des orages. Il semble que ce soit la pression atmosphérique qui les décide à passer à l’acte. Hors sans cette pression, les femelles meurent faute de pouvoir expulser leurs oeufs. Bon, on ne trouve pas vraiment d’étude scientifique corroborant ou infirmant cette thèse, mais le fait est que sans une profondeur de plus de soixante centimètres en aquarium, les femelles périssent jeunes. Ici, le frai est principal cause de mortalité.
Les écrevisses, la mue… toujours la mue !
Chez les écrevisses, comme chez les crevettes, l’accouplement à lieu immédiatement après la mue. Mais la mue est une phase d’extrême vulnérabilité. Comme on l’a vu plus haut, sans un bac conçu pour elles…
Les escargots, le cas étrange des Viviparus.
Plusieurs sources signalent la mort d’escargots sitôt post-partum, voire post-coïtum. C’est un cas étrange, qui ne cesse d’interroger. Pourquoi la nature mettrait-elle en oeuvre une telle stratégie ?
Là, je sèche.
Que les mâles meurent après l’accouplement, la nature l’a déjà fait, mais c’est en général pour apporter à la femelle un complément alimentaire utile pour la suite. Ici, ce n’est pas le cas.
Que la femelle meurt après avoir donné naissance à une dizaine de rejetons est plus facile à expliquer. La procréation lui coute énormément et il est possible qu’elle meurt d’épuisement.
Bref, il y a de fortes chance que cet étrange phénomène ne soit lié qu’à la captivité. Pourquoi ? Comment ? Je n’en sais rien.
Comme on peut difficilement empêcher les escargots de se reproduire, il va falloir trouver une parade. L’une d’entre nous s’y attelle. Affaire à suivre.
Les potamodromes, leurs besoins et leurs envies…
On évoquera ici un des cas les plus courant de « mauvaise » maintenance qui influe grandement sur la longévité de nos hôtes. De nombreux poissons, mais aussi certains escargots, migrent pour se reproduire. La migration peut être latérale comme en Amazonie ou en Asie où les poissons profitent des inondations pour frayer dans des zones riches en nourriture. Ces zones sont aussi très souvent plus chaudes, plus acides, plus douce, que le lit principal des rivières fréquentées habituellement (forets inondées d’Amérique du sud ou d’Asie). La migration peut être aussi de l’estuaire à la source, comme pour les Nérites. Il s'agit de migrations holobiotiques, de loin les plus fréquentes.
Les migrateurs amphidromes (Crevette d’Amano) sont plus rares mais le problème est le même, mis à part qu’on ne cherche même pas à les faire reproduire.
Dans un aquarium non-biotope, il sera impossible de fournir aux animaux la totalité du cycle de vie naturel à l’espèce. Alors soit on ne garde que la période de frai (ce qui est courant pour les amazoniens), et dans ce cas les poissons s’épuisent en procréation. Soit on privilégie la phase fluviale, et on interdit aux poissons de se reproduire (ce qui est le cas des potamodromes asiatiques). Dans certain cas, l’instinct sera si fort que les poissons, escargots, crevettes… feront leur maximum pour quitter le bac. Les poissons qu’on empêche de se reproduire ou de migrer deviennent apathiques, téméraires ou belliqueux, et leur mal-être les expose aux maladies ou aux accidents
Dans tous les cas, la durée due vie sera considérablement réduite. Les uns comme les autres s’épuiseront et/ou ne bénéficieront pas de la période de repos nécessaire à leur bonne santé. Ils vivront beaucoup moins longtemps.
La migration verticale.
Dans la nature, les animaux aquatiques profitent des différences de températures entre la surface et les eaux profondes. Ils en profitent pour rejoindre les eaux chaudes de surface à la fin de la saison froide ou les profondeurs lors des températures excessives de la saison chaude.
En région tempérée, les animaux quittent la surface, parfois gelée, pour se protéger du froid, près ou même dans le substrat.
En aquarium intérieur, il est presque impossible de donner aux animaux cette option. En revanche, en poubellarium ou bien sûr en bassin, cette possibilité reste abordable.
Cette migration est indispensable à de nombreux arthropodes, mais l’est aussi pour certains poissons. Certains, comme les Pangios par exemple ont, semble t-il, un besoin impératif de cette migration pour se reproduire.
Il va de soi que l’absence de possibilité de migration verticale, limite grandement la longévité de ces espèces.
Les tempérés. Pause toujours, tu m’intéresses.
Comme pour les potamodromes, les animaux vivants en zone tempérée subissent des changements de milieu. La période hivernale fait chuter la température, la printemps et la fonte des neige accélère le débit de l’eau… quel que soit le changement, il est vital pour ces espèces. Une phase de repos, hivernale le plus souvent, est impérative. Il existe aussi des repos estivaux chez certaines espèces asiatiques qui elles subissent des sécheresses.
Encore une fois, ces variations saisonnières annoncent le frai ou imposent le repos annuel. Sans ce cycle, les animaux aquatiques dont le métabolisme est intimement lié à la température, s’épuisent et leur vie est écourtée.
Attention ! : Les rythmes circadiens ont une importance cruciale pour les animaux, et le fait de placer un aquarium dans une pièce éclairée en permanence perturbe grandement le cycle biologique des poissons notament. Le désordre touche en premier la reproduction, mais aussi tous les aspects de sa vie.
La face cachée de l’aquariophilie. Un peu d’intimité que diable !
Un fait rarement évoqué, celui de l’intimité. Pas de celle de l’aquariophile, mais celle des poissons, j’entends.
Les poissons, les crustacés, ont besoin de se cacher lors du frai… mais aussi dans leur vie de tous les jours pour certains.
On tâchera d’éviter les bacs visibles de tout coté. Les animaux ne peuvent pas se soustraire à la vue et stressent. On retrouve ici les poissons « coincés » de tout à l’heure. L’inquiétude augmente les chance de développer des maladies et diminue donc l’espérance de vie.
On notera aussi qu’une vitre arrière, laissée aux algues vertes, est une formidable zone de gagnage pour les brouteurs. Elle participe clairement au bien-être de ceux-ci.
L'apprentissage.
Suggéré par Opabinia qui souligne "qu’il était fortement déconseillé aux éleveurs amateurs de faire "cracher" les cichlidés incubateurs, parce que les alevins apprennent de leurs parents. Résultat : eux mêmes ne sauront pas élever leurs petits si on les a isolés trop tôt, d’où un déclin de reproduction". (sic)
Il est évident que l'apprentissage joue un rôle important dans le taux de survie des alevins.
Trop, c'est trop !
Reste un sujet important, intimement lié à la reproduction : l’invasion.
On veillera non seulement à limiter les périodes de frai à une ou deux par an, mais aussi à prévoir la destinée des rejetons.
Sachant que les plus prolifiques n’intéressent personne, on ne vendra pas, ni même donnera, les guppies en surnombre. Prévoir un « débouché » est de la responsabilité de l’aquariophile !
C’est une joie de voir proliférer ses protégés, mais la surpopulation est une cause évidente de mal-être en aquariophilie.
* "Le mot reproduction devrait être réservé aux seuls photocopieurs" comme le soulignait Albert Jacquard (de mémoire). La procréation en revanche, l’interaction de deux identités pour en former une troisième, est le mot juste pour désigner la chose. ;-)
Alors la longévité est-elle influencée par la répétition ou l’absence de reproduction ?
On ne peut le nier, encore une fois.
Le non respect du cycle naturel de l’espèce accueillie, est une nouvelle cause de mortalité prématurée.
Accueillir nos hôtes dans un bac biotope, c’est à dire respectant non seulement les paramètres de l’eau et le paysage aquatique du milieu, mais aussi les variations qui lui sont associées, prolonge grandement la vie de nos protégés.
Acte 4
Les imprévus
Après avoir passé en revue les problèmes ayant pu survenir avant l’acquisition de nos animaux, et les mauvaises conditions d’accueil, allons voir du côté des imprévus.
Quels incidence peuvent-ils sur la longévité de nos hôtes ?
Bon, ici il saute aux yeux que si l’aquarium explose, la vie des poissons notamment, est plus que compromise. Leur longévité en pâtira, c’est sûr.
Creusons, prenons de la peine, c’est le fonds qui manque le moins !
L’incident technique ?
Personne n’est à l’abri d’une panne de filtre, d’éclairage ou de chauffage. Si les deux premières pannes sont rarement mortelles, si on est pas justement absent à ce moment là, la troisième peut l’être.
La plupart des logements sont cependant sur-chauffés et l’atmosphère tropicale empêche la chute de la température de l’aquarium.
On peut aussi évoquer la canicule qui tue pas mal d’animaux aquatiques ces dernières années. On peut remédier à cette hausse mortelle de la température de l’eau par l’installation de ventilateur et de diffuseurs d’air. Le manque d’oxygène étant bien plus dangereux que la hausse de température elle-même.
Plus rare, la fuite de la cuve est difficile à prévoir mais, à moins d’être absent pour le mois, l’aquariophile a généralement le temps de transférer ses animaux.
L’accident corporel ?
De nombreux poissons sont des prédateurs, ou des opportunistes, prêt à tout pour capturer une proie aventureuse. Parmi ceux-ci bon nombre sont capables de faire des bonds hors de l’eau. Un séjour, même court sur le plancher ou la moquette, leur sera fatal.
On peut aussi avoir le même résultat avec des poissons stressés, prêts à fuir d’un bond au moindre bruit, ou à la moindre agression (hachettes).
Ou encore avec les aventuriers qui, la plupart du temps, fuient le bac pour en trouver un plus à leur convenance. C’est notament le cas des potamodromes.
On trouve ici aussi le cas des animaux qui manquent d’oxygène (Sewellia), des gagneurs qui cherchent fortune et provende... (écrevisses, escargots…)
Il y a aussi les maladroits comme certains escargots qui ne peuvent (soi-disant) pas se remettre d’aplomb, ou les poissons se "coinçant" quelque part.
Sur ces derniers points on peut toutefois douter de leur supposée maladresse.
Les escargots qui se retrouvent sur le "dos" et ne se relèvent pas, sont forcément très mal en point, et s’ils meurent, ce n’est surement pas pour cette raison.
De même, les poissons ne se "coincent" pas, à moins d’y être contraint. Ils échappent parfois à une agression, se cachent d’une lumière trop vive… en clair, sont dans un état de stress ou de mal-être qui les pousse à se retrancher. S’ils y meurent, il y a fort à parier que ce n’est pas de s’être "coincé".
Reste le cas des alevins ou zoés, happés par la canne d’aspiration de la filtration.
Une simple crépine fine ou une mousse ad hoc placée sur celle-ci suffira à prévenir des désagréments.
En bref, pour les poissons sauteurs, les prédateurs de surface trop téméraires, les inquiets, les fugueurs ou les maladroits… Avec quelques règles simples, la plupart des accidents peuvent être évités.
Un aquarium hermétiquement clos peut être une solution, mais mettre en place un accueil parfaitement adapté aux besoins de l’animal concerné est un meilleur choix.
Maintenir un animal contre son gré en le forçant à vivre dans un environnement inadapté n’est pas "aquariophile". Ne pas accueillir un animal dont on ne sait pas reproduire le milieu n’est pas un constat d’échec, mais une preuve de maturité.
Les toxiques ?
Stylos, feutres, effaceurs, surligneurs, crayons, colles, gommes, plastique… Les organismes officiels alertent sur la présence de nombreuses familles de substances chimiques "dangereuses" dans les fournitures utilisées à l’école, au travail, comme à la maison. Inhalées, ingérées ou en contact avec la peau, elles peuvent avoir des "effets sur la santé", met en garde l’Anses. Parce qu’ils ont tendance à mettre les objets à la bouche et à les " mâchouiller", les enfants sont les premiers exposés, d’autant que ces articles sont utilisés au quotidien.
Une société qui met à la disposition des enfants une telle palette de polluants ne peut pas assurer l'innocuité des matériel et autres décors utilisés en aquariophilie.
Les habitants de l’eau sont aussi très exposés, les polluants étant très souvent solubles.
La liste des substances chimiques "préoccupantes" identifiées par l’autorité sanitaire est longue. On y retrouve des produits classés cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ou suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Parmi les familles les plus souvent identifiées, des noms déjà connus du grand public : les fameux phtalates contenus dans les plastiques, le bisphénol A (interdit dans les biberons et les emballages alimentaires), le benzène, les composés organiques volatils dont le formaldéhyde, le chloroforme et le toluène ou encore les métaux lourds comme le chrome hexavalent, le cadmium ou le plomb.
À quoi il faut ajouter les micro-plastiques, les per- et polyfluoroalkylées (les fameux PFAS), très en vogue en ce moment...
Stop. On arrête là ! Il y a là de quoi nous rendre fou, au propre comme au figuré.
En bref, on ne peut lutter que contre ceux qui sont de notre fait, ce qui représente déjà une sacrée liste !
Les bibelots ?
La première action sera de ne mettre aucun bibelots fantaisie dans nos bacs. Ils sont presque tous (tous je pense), fabriqués dans des pays où l'absence de norme est légendaire. Très polluants, ces objets contiennent à peu près tous ce que la chimie du plastique contient de nocif. La peintures se dégrade rapidement, et les plastiques ne sont pas "alimentaires", loin s'en faut.
Le lieu d'installation ?
Les aquariums sont le plus souvent placés dans un lieu de vie. On y mange, fume (si, si, il parait qu'il y a encore des fumeurs !)... Ensuite on y fait le ménage, traite le chat contre les puces, désodorise… La plupart des aérosols utilisés au quotidien, finissent piégés dans l’eau.
On l’a vu durant la pandémie, se laver les mains avant une intervention dans un bac est un minimum… et pas avec un gel hydro-alcoolique . Il y a eu de nombreuses hécatombes durant cette période !
Couvrir le bac lorsqu’on use d’un produit désinfectant, d'un nettoyant ménager ou d’un parfum d’ambiance, et sortir si on fume ou vapote est un passage obligé.
N’utiliser que des ustensiles frappés du logo "alimentaire" est aussi une bonne habitude.
Reste le problème des médicaments administrés pour diverses raisons. On devra impérativement éviter les sur-dosages, et les médications de routine, rarement utiles. On se renseignera (ailleurs qu’auprès d’un vendeur d’animalerie) sur les effets secondaires, et surtout sur les contre-indications. Les poissons sans écailles, les arthropodes, les escargots… sont très sensibles et supportent mal les traitements.
On privilégiera le bac hôpital dès que cela est possible, et les "médecines douces" 'infusions, jus d'ail...) dans les bacs communautaires. Dans tous les cas on devra rester très vigilant. Une vie saine évite d’avoir recours aux médicaments.
Contre les polluants atmosphériques, on ne peut pas grand chose, malheureusement.
Mais pour les polluants ménagers une attention de tous les instants reste la seule solution.
Il vaut mieux prévenir que guérir. Mais cet adage rejoint tous les cas déjà évoqués, n’est-ce pas ?
Le bruit ?
Autour de l’aquarium, on joue à chat, invective un " mauvais" arbitre, chante joyeux anniversaire ou écoute la Walkyrie à plein volume !
Il a été démontré que le bruit est un facteur traumatisant dès le stade embryonnaire. Les poissons soumis aux bruits domestiques sont stressés, tout le monde le sait. Ils se nourrissent mal, donc vivent moins longtemps... et se reproduisent moins. Ce que l’on sait depuis peu, c’est qu’au stade embryonnaire, les poissons soumis au bruits se développent moins bien, sont plus sensibles aux maladies et sont moins fertiles. En conséquence, le bruit est aussi un facteur limitant le longévité.
Entre l’aquariophilie et Wagner, c’est clair il faut choisir. Mais entre le petit dernier et l’aquarium, il va falloir… attendre qu’il grandisse.
La fish-room est une solution, mais il faut être logé grand.
Reste le bruit de fond de nos filtres et autres bulleurs... qui lui peut être prévu.
Si les poissons rhéophiles sont habitués au tumulte des torrents durant les crues, les animaux des marais eux, ne le sont pas. C’est une chance, si les fluviaux ont besoin d’une filtration aussi efficace que vive, les habitants des eaux lentiques peuvent s’en passer.
À ce titre, les filtres extérieurs, à condition d'être placé sur un tapis anti vibration, et les filtres fonctionnant avec une pompe à air extérieure, et elle aussi correctement amortie, seront moins traumatisants pour nos hôtes les plus fragiles.
Alors il n’est pas nécessaire de se demander si les imprévus ont une incidence sur la longévité de nos hôtes.
Pour la totalité des cas évoqués dans ce chapitre, il n’y a en fait qu’une seule solution : Il faut prévoir les imprévus !
"Réfléchir avant d’agir", "Prévenir plutôt que guérir". sont les maitres mots de l’aquariophilie. Prendre le temps de passer en revue les tenants et les aboutissants et agir en conséquence… c’est le secret de la réussite.
Acte 5
Le PFH cher au regretté Hubert Reeves.
Un dernier point avant de conclure.
Après avoir passé en revue les problèmes ayant pu survenir avant l’acquisition de nos animaux, et les mauvaises conditions d’accueil, les imprévus finalement assez prévisibles, reste à évoquer la PFH.
Le Putain de Facteur Humain est responsable de bien des maux. Il n’y a qu’à écouter le informations radio-diffusées pour s’en convaincre.
En aquariophilie il sévit de la même façon, dans les mêmes proportions, et avec les mêmes conséquences.
Le PFH "C'est ce qui fait que l'on ne passe pas de ce qu'on sait à ce que cela implique ». (Hubert Reeves)
C’est pour ma fille, elle a deux ans !
Combien de fois a t-on entendu cette petite phrase ? Elle est en général assortie d’un haussement d’épaule et d’un « j’ai pris ce qu’elle voulait », ponctué d’un soupir. Le plus souvent c’est une excuse qui, au même titre que "ma femme à peur des … ", ou "je n’ai pas les moyens?", permet de se détourner de ses responsabilités.
Qu’on se le tienne pour dit, un animal est légalement sous la responsabilité d’une personne « responsable ». Quels que soient les désidératas du petit dernier, c’est l’adulte le seul coupable. Beaucoup de poissons, de tortues et d’animaux dit de compagnie, sont laissés à l’abandon, peu après leur achat.
Bien évidemment, ces animaux là n’atteignent pas un âge canonique.
Il avait l’air triste !
De la même façon, on ne prendra pas un poisson parce qu’il à l’air malheureux à l'animalerie, si on a pas l’installation déjà prête à le recevoir.
On m’a dit que…
Si vous écoutez les vendeurs d’animalerie, tout est possible, tout est compatible. Et si un poisson ne survit que quelques jours, il vous dira « c’est normal, ça ne vit pas longtemps un poisson ». Les animaleries ont tout intérêt à vous voir revenir. Moins les animaux vivront, plus elles en vendront.
Alors il est impératif de se renseigner au préalable auprès d’auteurs connus pour leur sérieux, de publications scientifiques
On a toujours fait comme ça !
Garder un poisson rouge dans un bocal est interdit par la loi. Une animalerie qui vous vend les deux est passible d’amende, voire de fermeture. Offrir un poisson rouge à la fête foraine est tout aussi interdit par la loi.
C’est pas un cadeau !
Un animal n’est pas un cadeau, c’est une charge ! Un être vivant n’est pas un jouet, on ne l’offre pas au premier venu sans s'être assuré qu'il peut s'en occuper dignement.
Tous ces exemples mettent en scène le facteur humain, préjudiciable à la longue et heureuse vie de nos animaux. Une autre facette de ce même PFH et l’achat d’un animal dont on ne sait rien, ou qui demandera un effort démesuré à maintenir, voire qu’il nous est impossible d’accueillir dans de bonnes conditions.
Les fraises en hiver
Nombreux sont les aquariophiles qui choisissent de maintenir un poisson d’eau très douce, ou très chaude, et se plaignent de devoir acheter de l’eau osmosée ou de l’évaporation excessive. Ne pas vouloir des "fraises en hiver » évite ces désagréments et permet de pas avoir à suer sang et eau osmosée pour obtenir le milieu souhaité.
L’achat "coup de coeur".
Ne choisir un espèce qu’après plusieurs mois de reflexion et la mise en place du biotope idéal est la seule voie possible dans le cadre d’une aquariophile responsable.
L’achat « coup de coeur » est rarement un bon achat.
Les yeux plus gros que le bac
"Tant qu’on y est, on va prendre aussi deux de ceux-ci et trois ceux-là."
La surpopulation est une cause très fréquente de mort prématurée.
Il faut aussi tenir compte de la taille adultes des spécimens convoités. Pensez qu’on acheter un plus grand bac plus tard est une erreur. Déjà, il est rare qu’on tienne cet engagement et surtout, un poisson confiné dans un bac trop petit grandira moins certes, mais sa croissance sera disproportionnée et il mourra prématurément à cause de cette dysharmonie de croissance.
Note : Les poissons grandissent toute leur vie et sont généralement plus grands en captivité ( du moins ils devraient l’être si les conditions sont idéales). La taille des poissons adultes donne donc la première indication de longévité. Il faut mécaniquement plus longtemps à un grand poisson pour atteindre l’âge adulte, c’est une évidence. La longévité théorique peut aussi être calculée en fonction de prédispositions naturelles propre à l’espèce. Il s’agit d'une valeur théorique en relation avec la morphologie, l’écologie et l’éthologie de l’espèce.
Allez, encore une fois ; Le PFH "C'est ce qui fait que l'on ne passe pas de ce qu'on sait à ce que cela implique ». (H.R.) Je crois qu’on a compris en quoi cette formule est applicable à l’aquariophilie.
Le Putain de Facteur Humain est bien responsable de la mort prématurée de bon nombre de hôtes. À nous de nous en libérer !
Épilogue
À partir de trois approches fondamentales on peut définir, selon moi, une ligne de conduite propre à augmenter la longévité de nos hôtes pour qu’elle atteigne au moins la "longévité naturelle théorique", et même la dépasse en captivité comme le voudraient "les bonnes pratiques aquariophiles", largement étayées par l’expérience.
L’écologie :
Le mode d’alimentation et le biotope sont déterminants.
La croissance des poissons est fonction de l’alimentation mais, pour ces animaux à sang froid (poïkilotherme), la température ambiante est primordiale. Plus la température est élevée, plus la croissance est rapide (dans certaines limites bien sûr). En revanche, cette croissance rapide, lorsqu’elle est inappropriée, induit un vieillissement accéléré. De plus, chez de nombreuses espèces, une température élevée induit le frai. Les poissons soumis à des températures trop longtemps élevées se reproduira souvent, ce qui épuisera les femelles notament par des pontes répétées, mais aussi les mâles qui devront être constamment sur le qui-vive et assuré leur position hiérarchique. Dans la nature, la plupart des poissons ne se reproduisent qu’une à deux fois par an.
Les variations saisonnières permettent de ménager des périodes de repos indispensables au bien être des espèces, et augmentent grandement sa longévité.
Une alimentation adaptée en qualité et en quantité évite les accidents de croissance et, là encore, l’apport de proies pour les omnivores doit être saisonnier.
Le respect des paramètres, là aussi très souvent variables, doit être une priorité. On évitera impérativement les bacs communautaires non biotopes, où le animaux se trouvent généralement en limite d’acceptation.
L’éthologie :
Le mode de vie influe grandement sur la longévité des poissons. Il y a cependant de nombreux facteurs intimement intriqués qui s’additionnent, et se contrarient parfois.
Aucun poisson n’est fondamentalement solitaire. Tous ont besoin de procréer et tout en eux tend vers ce besoin vital.
À un poisson laissé seul en permanence, il manque quelque chose.
À l’opposé, un poisson de banc ne peut se passer de ses congénères, et ceci en nombre suffisant. Si le banc est trop petit, les poissons s’inquiètent.
Entre ces deux « extrêmes », une foule de poissons sont grégaires et se déplacent en groupes lâches. Sans être tributaires d’un banc, ils sont néanmoins très liés (visuellement) aux autres membres du groupe.
Certains poissons sont grégaires juvéniles, et territoriaux adultes. Certaines femelles sont grégaires alors que leur pendant masculins sont territoriaux. Certaines espèces sont vues en grand nombre au moment du frai et solitaire le reste de l’année… Si la nature a mis en place ces différences, c’est qu’il y avait un intérêt à le faire.
Respecter scrupuleusement les habitudes de chaque espèces, c’est faire le choix du naturel et donc le choix de la meilleure option.
L’holistique :
En aquariophilie, l’approche holistique se résume à prendre en compte le bac dans son ensemble, plutôt que de s’attarder sur un point particulier.
Un poisson malade est un poisson fragilisé. On peut le soigner seul avec le médicament approprié, ou agir sur son environnement proche et lointain.
En général on pense immédiatement aux paramètres de l’eau, ou à une contamination allogène mais rarement aux interactions inter et intra-spécifiques, à l’environnement proche (le bac) ou lointain, la pièce où il vit, voire le climat…
En d’autres termes :
Il faut être rigoureux dans le choix du milieu et le choix des espèces.
Pour les novices, aller au plus simple est la meilleure solution. Choisir un milieu dont on pourra facilement copier les caractéristiques simplifie grandement la tâche. Ne pas accueillir un hôte dont on ne sait pas reproduire (tant que faire se peut) le biotope.
Respecter les variations saisonnières propres au milieu que fréquente l’espèce est impératif. Toute dérogation réduit la longévité.
Potamodrome ne veut pas dire amphidrome, certes, et personne ici ne se risquerait à maintenir un saumon ! Quoi que ? Mais en y regardant de près, beaucoup de nos hôtes effectuent des déplacement saisonniers des fleuves ou rivières, vers les zones inondées. Ce sont des potamodromes. Ils ont besoin de ces changements de milieux, et leur longévité en dépend.
Beaucoup d'aquariophile font cependant l'impasse sur les variations saisonnières et les poissons s'épuisent dans un "éternel été", se reproduisant sans relâche.
Ne pas sous-dimensionné un aquarium.
Respecter l’espace vital de chaque individu.
Aménager de nombreux territoires, cachettes… des zones de gagnage, de quiétude, de frai, de jeu… pour chaque espèces, voire pour chaque individus parfois.
On ne le dira jamais assez, les volumes annoncés dans les fiches courantes concernent une espèce donnée en quantité idéale. Les volumes s’additionnent si les espèces convoitées partagent la même niche écologique… et si ils ne s’additionnent pas vraiment dans les autres cas, il ne se confondent jamais.
Conclusion
On l’a vu, la liste des incidences sur la longévité de nos hôtes est longue, très longue. Trop longue en fait, pour être embrassée rapidement.
Être aquariophile, selon moi, c’est prendre le temps de laisser mûrir un projet afin de peser chaque choix, chaque action et interaction.
S’il faut un minimum d’un mois pour équilibrer un aquarium, il en faut bien six pour appréhender la totalité des tenants et aboutissants d’un projet.
Bien sûr cet exposé n’est guère que mon opinion, et on trouvera sur la toile une foule de spécialistes qui penseront autrement. Certains ont de bons arguments, mais la grande majorité d’entre eux ne sont spécialistes que depuis hier et ne tiennent absolument pas compte des faits énoncés plus avant.
À vous !