Grenouille fraise, grenouille blue jeans, strawberry poison-dart frog
Autrefois dans le genre Dendrobates, cette petite grenouille d'un maximum de 2,4 centimètres reste dans la famille des Dendrobatidae mais est passée du genre Dendrobates au genre Oophaga depuis 1987 (COP16).
C'est une des plus célèbres petites grenouilles arboricoles, mais surtout, elle secrète la toxine la plus violente de son groupe.


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Taxinomie
Descripteur : Schmidt, 1857
Classe: 
Ordre: 
Famille: 
Genre:  Oophaga
Synonymes
Dendrobates pumilio
Noms Communs
Grenouille fraise, grenouille blue jeans, strawberry poison-dart frog
Membres du genre Oophaga
Oophaga pumilio (Schmidt, 1857)
Origine géographique
Aire d'origine : Amérique centrale
Nicaragua, Costa Rica, Panama
Versant atlantique des forêts d'Amérique centrale. Centre nord Nicaragua, sud des basses terres du Costa Rica, nord-ouest du Panama y-compris des iles.
Environnement
Paramètres
Milieu
Terre
Forêts tropicales humides, on la trouve de 0 à 960 mètres d'altitude.
Description
Taille
: 1,7 à 2,4 cm SL  
: 0 cm SL
Régime
Autre
Cette petite grenouille de 2,4 cm maximum est un animal diurne, terrestre, vivant dans les forêts humides et parties basses des montagnes. Elle peut s’étendre aux plantations et jardins, en particulier au Costa Rica.

Son aspect type est un corps au dos rouge vif, avec quelque taches noires, des pattes arrières allant du noir au bleu marine, un ventre rouge, parfois bleu et rouge. Sa couleur peut prendre des tons oranges et même blancs, jaunes ou verts dans certaines zones du Panama. Le plus grand polymorphisme s’observe sur les petites iles de ce pays.
Les mâles ont une poche vocale grisâtre sous la gorge, bien visible lorsqu’ils défendent leur territoire férocement. Celui-ci s’étend à environ 2,5 m2, ce qui est important compte-tenu de la petite taille de l’individu, dans un environnement souvent riche en biodiversité.
 
Régime Alimentaire
principalement des acariens et fourmis (myrmécophage)
Maintenance
Reproduction
Les femelles déposent un amas de 3 à 9 oeufs dans la litière humide, ce nombre peut monter à 16 chez les individus captifs . On ne sait combien de fois la ponte se produit dans l’année, mais elle a plutôt lieu durant la saison humide.
Les oeufs sont maintenus hydratés par le mâle en soulageant sa vessie, il peut d’ailleurs protéger plusieurs groupes d’oeufs à la fois. Des observations suggèrent qu’ils sont polygames. (McVey et al. 1981, Donnelly 1989, Zimmmermann 1994)
L’éclosion se fait environ 7 jours après, les têtards sont transportés ensuite par les femelles dans la canopée, au creux des broméliacées épiphytes, contenant un petit fond d’eau prisonnier des feuilles. Lorsque les mâles se chargent, parfois, du transport, les petits ne survivent pas par la suite.
En effet, ces têtards ont un régime spécial, ils sont oophages (d’où le nom de genre), c’est à dire qu’ils consomment un supplément d’oeufs fournis par la femelle à cette occasion, dans les 3 jours suivant leur arrivée dans la canopée. En suite on ne connait pas leur régime. La métamorphose se produit vers 6-8 semaines. Les têtards élevés en captivité mettent de 4 à 6 mois à se développer, soit un tiers de plus que les individus sauvages.
La maturité sexuelle est atteinte à environ 10 mois, lorsque l’individu fait la taille minimum de 19 mm.
 En captivité, un supplément de caroténoïdes améliore le succès reproductif.
Commentaires
L’espèce possède un très grand polymorphisme. Son phénotype le plus connu, qui lui a valu son surnom de « blue jean » est un corps rouge et des pattes arrières bleues. On trouve la plus grande variabilité dans l’archipel « Bocas Del toro » au Panama.
Au Costa Rica, l’espèce un moment en déclin s’est de nouveau développée dans les plantations de cacao, ainsi que dans les jardins individuels, et les parcs nationaux.
L’espèce n’est pas protégée en tant que telle, mais l’est indirectement lorsqu’elle se trouve dans des parcs nationaux. Ailleurs, elle subit le déclin suivant habituellement la perte d’habitat, le développement touristique et la pollution.
Comme de nombreux amphibiens dans le monde, les perturbations climatiques la rend sensible à un champignon parasite mortel (Batrachochytrium dendrobatidis).
Il s’incruste dans la peau des grenouilles et s’y développe si le milieu est frais et humide. Or on connait l’importance de la peau chez les amphibiens, zone principale de respiration, très perméable aux polluants et sensible. En culture, ce champignon pousse entre 6 et 28°C, mais meurt au-delà de cette température. Dans la forêt tropicale, l’humidité est indispensable aux grenouilles, mais on y trouve aussi des micro-habitats, baignés de soleil, à plus de 30°C. En se déplaçant de l’un à l’autre, les petites grenouilles peuvent lézarder quelque temps à la chaleur pour se débarrasser de leurs parasites, puis revenir s’hydrater dans un recoin humide. Si le couvert nuageux augmente, ces oasis de soleil régressent ou disparaissent. Combiné à une réduction de l’hygrométrie, ce phénomène condamne les amphibiens à rester tapis plus souvent dans des niches fraîches et humides. La conséquence est mesurable : plus de 70 espèces de la petite grenouille arboricole du genre Atelopus, endémique d’Amérique centrale et de quelques régions d’Amérique du Sud ont disparu ; certaines n’étaient pas encore identifiées.(Nature- 427 – 8 Janvier 2004).

Dans les zones habitées ou cultivées intensément, un autre fléau guette les amphibiens : les perturbateurs endocriniens, dont certains pesticides comme l’atrazine. (toléré aux USA, à raison de 3 parties par milliards dans l’eau, il a montré en laboratoire qu’il pouvait provoquer un hermaphrodisme chez les têtards , à raison du tiers de cette dose!).

Les couleurs signalétiques sont fréquentes chez les espèces produisant des toxines, en guise d’avertissement pour les prédateurs. Cette couleur joue également un rôle dans la sélection sexuelle des mâles par les femelles, qui préfèrent les individus aux couleurs vives, , ce qui joue probablement un rôle dans le maintien de leur défense, les individus ternes étant plus souvent attaqués par les prédateurs. C’est probablement ce principe qui a abouti au grand polymorphisme des individus insulaires au Panama.

L’autre particularité de la petite grenouille blue-jeans est sa sécrétion de neurotoxines foudroyantes, dont un alcaloïde : la Pumiliotoxine 251D, qu’on trouve aussi chez d’autres genres dont Dendrobates. Elle a des effets d’inhibition cardiaque en augmentant la perméabilité des membranes au potassium jusqu’à six fois la norme et agit également sur les canaux sodium voltage dépendants du système nerveux. Elle inhiberait également la stimulation de l’ATPase par le calcium dans le sarcoplasme, impliqué dans la contraction musculaire. (ces derniers résultats sont critiqués, et seraient dus à des impuretés de la préparation de test).
Les prédateurs qui l’ingèrent sont pris de convulsions, paralysie suivie de la mort par arrêt cardiaque.

La production de cette substance augmente avec l’âge de l’individu, et est liée à son régime alimentaire riche en acariens et insectes, surtout fourmis du genre Brachymyrmex. La toxine non digérée s’accumule sous la peau de O.pumilio, dans des glandes sécrétrices, après ingestion de l’insecte. En effet, la petite grenouille ne semble pas posséder d’enzyme synthétisant ce poison, par contre elle a la capacité de ne pas le digérer.
Certaines espèces peuvent la transformer en allopumiliotoxine 267a, 5 fois plus toxique encore.

Les tétards, de par leur régime, ne peuvent produire eux-mêmes cette toxine et sont donc vulnérables, cependant, une partie semble leur être transmis par leur mère (les oeufs consommés?), leur procurant une forme de défense, tandis que les individus nés en captivité, faute de proies la produisant, perdent cette particularité. Par contre, les individus peuvent la conserver longtemps accumulée sous la peau après une capture à l’état sauvage.

O.pumilio est commercialisée par les pays d’origine sur le marché des animaux de compagnie, et représente environ 7% des amphibiens sur la liste de la CITES, soit environ un marché de 33000 individus vendus entre 1978 et 2008. Les individus sont souvent collectionnés pour leurs polymorphisme.
Références
IUCN : https://www.iucnredlist.org/species/55196/3025630
A review of the international trade in amphibians: the types, levels and dynamics of trade in CITES-listed species : https://www.cambridge.org/core/journals/oryx/article/review-of-the-international-trade-in-amphibians-the-types-levels-and-dynamics-of-trade-in-citeslisted-species/B16E306BBB3528DE20F9CD560B42AD66
CITES - species + : https://speciesplus.net/species#/taxon_concepts/9003/legal
Amphibian web : https://amphibiaweb.org/cgi/amphib_query?where-genus=Oophaga&where-species=pumilio&account=amphibiaweb
Ecología y comportamiento de las ranas venenosas del género Oophaga en Costa Rica y Panamá : https://www.proquest.com/openview/002ec25a01fad643aa66c97746484d79/1?pq-origsite=gscholar&cbl=105711
Wikipedia (anglais) Strawberry poison Dart froc : https://en.wikipedia.org/wiki/Strawberry_poison-dart_frog
Evidence for an enantioselective pumiliotoxin 7-hydroxylase in dendrobatid poison frogs of the genus Dendrobates : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC196932/