Comme pour les aquariums Low Tech, les ANP utilisent un cycle de l’azote court, contrairement aux aquariums avec filtre. Pourquoi ?

La transformation par le filtre (biologique) de l'ammonium (NH4+) en nitrite (NO2) puis nitrate (NO3) est hautement contre-productive pour les plantes et l’aquarium en général. En effet, d’une part de cette transformation consomme beaucoup d’oxygène, d’autre part, lorsque les plantes consomment des NO3, elle va devoir les retransformer lors de la photosynthèse en NH4+, consommant de nouveau de l’oxygène et beaucoup d’énergie.

Dans un ANP, nous n’utiliserons pas de filtre, nous transformerons donc pas l’ammonium en nitrate et les plantes consommeront donc directement de l'ammonium et leur croissance n’en sera que plus vigoureuse. Par ailleurs, il a été démontré qu’en présence d’ammonium et de nitrates, les plantes aquatiques commencent par consommer l’ammonium, puis les nitrites, puis les nitrates.

En changeant de type de cycle de l’azote, nous avons donné un avantage important aux plantes. C’est une condition préalable au second principe : L’équilibre Animaux / plantes. L’azote émis par les animaux doit être équivalente à l’azote absorbé par les plantes. Cet équilibre est toutefois assez théorique. Dans les faits, il est indispensable de prendre une petite marge en faveur des plantes afin de ne pas risquer l’accumulation d’ammonium dans l’aquarium.

La principale conséquence de cet équilibre est que les changements d’eau ne sont donc plus nécessaires puisque l’azote (nitrates) ne s’accumule plus au fil du temps. Ils sont même déconseillés et seront remplacés par un changement d’eau de 50% tous les 6 mois, voir plus rarement encore. La maintenance de gros aquariums est donc largement simplifiée, surtout s’ils nécessitent une part importante d’eau osmosée. Le bilan environnemental est lui aussi impacté puisque la consommation d’eau est largement moindre.

De même que l’on vise un équilibre pour l’Azote, on visera aussi un équilibre pour tous les nutriments nécessaires aux plantes. Ils sont apportés par le substrat, les déchets, la nourriture. Poissons et bactéries apportent le co2 nécessaire aux plantes de façon constante sans excès ni carence.

L’aquarium : Il n’y a pas de restriction particulière sur l’aquarium. Toutefois, sachez que plus l’aquarium présentera une surface au sol importante, mieux ce sera. La méthode ne conviendra pas à des aquariums en forme de colonne. Par ailleurs, les nano aquariums seront plus difficile à stabiliser que les grands aquariums.

L’éclairage : Afin d’obtenir une croissance vigoureuse des plantes, l’éclairage doit être performant sans pour autant être considéré comme très puissant. Il convient donc de viser une puissance de l’ordre de 1w/2L, ou 30 lumens/L sur une durée de 10 à 12 heures. Si votre éclairage est un peu faible, vous pouvez parfaitement utiliser de la lumière solaire en plaçant votre aquarium à proximité d’une fenêtre.

Le filtre : L'aquarium ne doit pas posséder de filtration biologique! Un brassage peut être assuré par une pompe de brassage ou un filtre (interne ou externe) vidé des masses filtrantes si la population nécessite une eau très oxygénée ou du courant. L’utilisation d’un filtre vide permet, si besoin, d’ajouter une filtration sur charbon actif, par exemple en cas de traitement médicaux.

Le chauffage : Il n’y a pas sur ce point de différence notable avec un aquarium « classique »

C’est LE point important de la méthode. De la réussite de votre substrat dépendra grandement la réussite de l’ensemble de l’aquarium.

Ayant déjà écrit un article sur ce sujet, je vous renvoie directement celui-ci : Substrats maison pour aquarium low-tech, ANP et standard

Le substrat doit couvrir 90% une surface au sol de l’aquarium. De même, il doit impérativement pouvoir respirer et ne doit pas être couverte par trop d’éléments décoratif comme des rochers, racines,…

  - Avoir au moins une variété de plante flottante, elles sont particulièrement efficaces pour purifier l’eau (avantage aérien).
  - Avoir des plantes à pousse rapide (au moins ¼ des plantes) afin d’assurer une absorption des nutriments en grand quantités
  - Varier les plantes, toutes les plantes n’ont pas les mêmes propriétés, ni les même besoin. Par exemple, les cryptocorynes ou échinodorus ont un réseau racinaire étendu, favorisant les échanges eau/sol, tandis que les fougères de java, anubias, mousses diverses… puiseront leur nutriment directement dans l’eau.

Les plantes émergeantes, si elles ne sont pas obligatoires, seront un plus, elles peuvent absorber le CO2 dans l’air et les nutriments dans l’eau ce qui leur confère un gros avantage sur les plantes purement aquatiques.

Un démarrage avec la Méthode Dry Start (DSM) convient particulièrement bien à ce type d’aquarium (vous avez gagné 1 mois de cyclage, vous pouvez bien faire un mois de DSM!).

Il n’y a donc pas de restrictions sur la « difficulté » des plantes, bien au contraire! Des plantes réputées difficiles et nécessitant absolument de l’engrais et du CO2, pourront pousser correctement sans engrais ni CO2 !

Il n’y a pas de recommandation particulière sur la qualité de l’eau, c’est la population qui va dicter les paramètres. On évitera, comme dans un aquarium standard, d’avoir un KH nul ou très élevé. On évitera aussi les pH supérieur à 8, car dans ce cas l’ammonium risque de devenir de l’ammoniac, beaucoup plus toxique pour le vivant.

N’oubliez pas que l’on recherche un équilibre entre population et plante. La population doit donc être modérée, ce type d’aquarium ne tolèrera pas une surpopulation. Il est préférable d’éviter les poissons s’attaquant aux plantes ou fouisseurs.

Les escargots et les crevettes, détritivores, sont les bienvenues car ils participent à la décomposition des déchets et à la consommation des restes alimentaires. Les escargots comme les mélanoïdes sont aussi une bonne option car ils aèrent le sol et enfouissent une partie des déchets.

Théoriquement, les poissons devraient pouvoir être introduits le jour de la mise en eau. Cela reste une possibilité en cas d’urgence, mais ce n’est pas souhaitable. D’une part, les paramètres auront tendance à varier durant les premières semaines, ce qui n’est pas bon pour les poissons, d’autre part les plantes ont besoin d’un temps d’adaptation avant d’être pleinement efficaces. La DSM aura toutefois tendance à amoindrir ce second point. Enfin, le retour d’expérience a montré une présence de nitrites, en faible quantité (de l’ordre de 0.1 mg/l) durant la première semaine.

Comme évoqué dans l’introduction, l’entretien est minimaliste. Les changements d’eau sont plus nuisibles que nécessaires, de même pour le siphonage du sol (laissez les mélanoïdes s’en charger !). Éviter de perturber le substrat lors des changements d'eau et du jardinage. On s’assurera comme toujours du bon fonctionnement du matériel. Il est crucial de veiller à ne pas laisser vieillir les néons afin de garantir aux plantes un éclairage toujours adéquat. On surveillera tout de même les paramètres durant les premiers mois, les nitrites devront toujours être à 0, l’ammonium à un taux très bas. En théorie, les nitrates devraient être totalement absents (leur présence après quelques semaines serait un signe de surpopulation). Le taux de fer est en général très faible, une diffusion constante étant assurée par le substrat.

Les ANP n’ont pas d’algues : FAUX, ils en ont, comme tous les aquariums. C’est une question d’équilibre. Toutefois, ils ont tendance à y être moins sujet, surtout une fois passé les 3 premiers mois, l’aquarium étant particulièrement stable, le risque d’en voir apparaître brutalement est très faible. La DSM minimise aussi ce risque.

Doit-on ajouter du CO2 et des engrais dans un ANP ? En théorie, ce n’est pas utile, même si tous les taux semblent être à 0. Mais l’équilibre parfait est rarement atteint, aussi, certains nutriments peuvent se retrouver en carence, notamment les phosphates et le fer. De même, le CO2 peut être un peu insuffisant. Les besoins de fertilisation sont donc plus faibles qu’en aquariophilie classique.

Le substrat ne dure que 3 ans : FAUX, il a une durée de vie bien plus longue. Les mélanoîdes enfouissant les déchets, ils régénèrent continuellement le substrat.

Le substrat a tendance à fermenter : FAUX, et VRAI si vous n’avez pas suivi correctement les conseils sur l’épaisseur des couches, la granulométrie de la couche supérieure, et éliminé les plus gros débris de la couche nutritive.

Les plantes poussent plus vites dans un ANP : VRAI et FAUX, elles pousseront à un rythme naturel, probablement moins vite quand un aquarium rempli d'engrais, de CO2 où les plantes sont "forcées"... Mais elles pousseront plus rapidement que dans un aquarium sans engrais ni CO2.

Les ANP ne conviennent pas aux débutants : FAUX, il n'y a aucune difficulté particulière, mais il convient de bien se renseigner avant de se lancer, notamment sur le substrat, de bien composer sa population et d'être un peu méticuleux et patient. Une fois en eau et bien stabilisé, sa maintenance est plus simple que celle d'un aquarium normal et présente moins de risque (surdosage d'engrais ou de CO2 par exemple)

Est-ce que la méthode fonctionne vraiment? N'est ce pas purement théorique?Je vous laisse juger...


Aquarium asiatique de 230 litres.