Riccie flottante
Rendue populaire par Takashi Amano, Maitre de l'aquarium paysagé, la Riccie flottante est une hépatique polyvalente qui peut être cultivée flottante ou fixée sur un support. C'est une excellente plante refuge pour les alevins, une source de nourriture et une plante "oxygénante" reconnue. Cultivée au sol, elle demande néanmoins un éclairage intense et un apport de CO2.

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Riccia fluitans
Taxinomie
Descripteur : Linnæus, 1753
Classe: Marchantiopsida
Ordre: Marchantiales
Famille:  Ricciaceae
Genre:  Riccia
Synonymes
Ricciella fluitans (L.) A. Braun 1821
Riccia centrifuga Arnell, 1877
Riccia canaliculata var. fluitans (L.) Lindb.
Riccia fluitans var. terrestris T.Jensen
Noms Communs
Riccie flottante
Riccie des flots
Riccia sp. "Nain"
Floating crystalwort (en)
Membres du genre Riccia
Riccia fluitans (Linnæus, 1753)
Riccia sorocarpa (Bischoff, 1835)
Riccia rhenana (Lorbeer ex. Müller of Freiburg, 1941)
Origine géographique
Aire d'origine : Monde
Allemagne, Autriche, Bélarus, Belgique, Bosnie Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Tchéquie, Danemark, Estonie, Finlande, France (Corse, France ; Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Monténégro, Pays-Bas, Macédoine, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Fédération de Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Ukraine, Royaume-Uni.
Aire actuelle
La riccie flottante est une espèce cosmopolite. Elle est très largement répandue en zone tempérée et rare ou absente en zone tropicale.
En France métropolitaine, elle est principalement présente au nord d'une ligne Bayonne-Grenoble. Elle est peu signalée des départements du midi pyrénéen et méditerranéen ainsi qu'en Corse.
Environnement
Milieu
Terre, Douce
La riccie flottante fréquente les rivières, les canaux et les fossés eutrophes des marais naturels, les plans d'eau eutrophes avec dominance de macrophytes libres submergés.
C'est une espèce amphibie semi-aquatique qui vit dans l'eau et sur les berges humides à proximité immédiate d'eaux calmes temporaires. En fonction du niveau de l'eau, elle peut former des tapis épais dans l'eau ou en dehors de l'eau. Elle préfère des eaux oligotrophes à mésotrophes, acides et douces.

Il s'agit d'une espèce aquatique flottant à la surface de l'eau dans les étangs, les fossés, les canaux et les roselières. Il se produit également au niveau terrestre sur la boue exposée par les débits de rivière, sur la pierre humide et le béton au bord de l'eau. Au Portugal, il a été trouvé dans les rizières. Les sporophytes sont très rares et apparaissent sous forme de gonflements sur les parties plus anciennes du thalle. Les spores restent probablement dormantes dans les sédiments pendant de longues périodes de temps, mais cette espèce se propage également par croissance végétative et fragmentation, des parties des thalles flottants coulant au fond de la mare ou de l'étang où elles hivernent.
Les données sur la taille et la tendance de la population de R. fluitans en Europe font défaut, bien qu'il y ait des preuves d'un déclin récent en Grande-Bretagne (Blockeel et al . 2014). Elle est également en déclin dans certaines autres régions comme Midi-Pyrénées (France) (Celle et al. 2010), au Portugal (Sérgio et al. 2013) et en Suisse (Schnyder et al . 2004). Par conséquent, la tendance actuelle de la population de cette plante en Europe et dans l'UE est supposée à la baisse.

Les menaces documentées pesant sur cette espèce comprennent la perte d'étangs et d'autres sites inondés périodiquement appropriés, et les changements dans la qualité de l'eau et peut-être l'eutrophisation, au moins localement, par exemple par de grandes sous-populations de bernaches du Canada en Grande-Bretagne. L'empiètement des broussailles et l'ombrage excessif de ses sites constituent également une menace.

L'habitat et le substrat de cette espèce sont affectés depuis des millénaires par l'exploitation humaine de l'environnement riverain. La modification des régimes d'inondation des rivières, l'eutrophisation et l'augmentation des charges de limon en aval et l'approfondissement des canaux pour le stockage de l'eau et le barrage des rivières ont tous contribué à la pression sur cette plante.
Description
Type
Mousse & Hépatique
Croissance
Taille
1 à 5 cm
Riccia fluitans est un végétal chlorophyllien très simple sans tiges, sans feuilles, sans fleurs, sans stolons et sans racines . Elle est formée de lames étroites et plates d'environ 0,5 à 1 mm de large, 10 à 15 mm de long et 0,2 mm d'épaisseur . Ces "rubans" se divisent par dichotomie, c'est-à-dire forment des fourches régulières au fur et à mesure que la plante se développe. Le rapport longueur/largeur de la lame entre deux ramifications est de 5 à 10. L'apex est un peu plus large que le reste du thalle. A l'intérieur du thalle, il se forme des chambres aréolées dites "aérifères". Leur marge est visible à la loupe car elles forment des lignes vert plus foncé à la surface de la plante. Sur la face inférieure des rubans il n'y a en principe pas de dispositif de fixation développé tel que des rhizoïdes. Lorsque les conditions sont favorables, les individus sont très serrés et forment alors un tapis végétal lâche.
Les individus des populations se développant en eau libre (Riccia fluitans var. fluitans) ont une morphologie légèrement différente de ceux des populations poussant sur le substrat humide rivulaire (Riccia fluitans var. terrestris (T. Jensen)), individus chez lesquels les rubans sont moins étroits et les extrémités plus élargies, avec une possibilité d'apparition de rhizoïdes pour la fixation.
La couleur est vert émeraude lorsque la plante est humide ou dans l'eau, mais elle devient plus jaune à l'air libre, en période de sécheresse.

Riccia rhenana, parfois présentée comme une espèce à part entière, ressemblent à Riccia fluitans et elles sont très difficiles à différencier. R. rhenana serait une forme diploïde à seize chromosomes (R. fluitans a huit chromosomes).
Les formes terrestres de R. fluitans et de R. rhenana sont très similaires, mais diffèrent dans les thalles translucides ayant un réseau de lignes sur le dessus surface, et n'ont pas de sillon médian, même à l'état sec. La différence la plus fiable est l'extrémité des branches, qui sont larges et presque tronquée avec une encoche centrale. Cependant, confirmation microscopique de l'ornementation des spores est conseillé.

En revanche, tous les spécimens indiens identifiés comme Riccia fluitans sont en fait Riccia stricta (Manju et al. 2012).

Les Ricciaceae forment une famille cosmopolite, dont les représentants sont de morphologie très constante : un thalle pluristratifié, soit simple, soit 1 à 4 fois ramifié dichotomiquement, se développant en lobes ou en rosettes plus ou moins complètes. Le thalle possède, en général (pas chez les Riccia aquatiques), en petits pores invisibles à l’œil nu, ouvrant sur des lacunes allongées faisant office de chambre aérifères. Leur sporophyte reste toujours inclus dans le gamétophyte ; les spores sont libérées par une déchirure apicale du sporophyte. Il n’y a ni oléocorps (sans doute perdus secondairement – sauf chez un genre proche, Ricciocarpos), ni élatères chez les Riccia, et les spores sont donc dispersées par la pluie ou le passage de la faune etc. Leur écologie est également assez constante : en dehors de quelques espèces hygrophiles, inféodées au milieu aquatique (Riccia fluitans, Riccia canaliculata), on les rencontre souvent dans des milieux ouverts, sur des sols nus où les facteurs abiotiques ou biotiques permettent le maintien de ce substrat : alternance d’inondations-exondations pour les bords de mares temporaires, sol nu des jeunes champs cultivés, affectionnés par Riccia glauca, passage répété d’animaux de pâture sur les pelouses méditerranéennes (Riccia sorocarpa, Riccia gougetiana). Les Riccia affectionnent les milieux dits « extrêmes », hautes montagnes, sols nus en climats arides et secs, voire désertiques. Cependant une période humide est toujours nécessaire au déroulement de leur cycle : elles profitent des fortes pluies printanières en méditerranée et des condensations nocturnes. Elles affectionnent aussi les bords de mares temporaires, les dépressions éphémères humides sur terres rouges (Terra rossa) méditerranéennes.

Les Riccia expriment de nombreux caractères qui permettent leur maintien dans ces milieux, à priori peu propice à la survie de petits végétaux à cuticule très fine, favorisant une rapide déshydratation.

La reviviscence est la capacité à retrouver une activité métabolique normale après une période plus ou moins longue pendant laquelle les cellules ont perdu un certain pourcentage de leur poids en eau, qui peut aller jusqu’à 95% chez les espèces xérophytiques les plus tolérantes. Les Riccia résistent particulièrement bien à la déshydratation et ont poussé la reviviscence à l’extrême. En anhydrobiose, leur métabolisme est quasiment arrêté....Elles sont aussi les championnes toute catégories de la durée de dessication supportée sans dommages: certaines Riccia ont retrouvé leurs capacités photosynthétiques en quelques jours, après plus de 20 ans dans les herbiers (Riccia macrocarpa a pu revivre après 23 ans. Il a cependant fallu neuf jours de réhydratation alors que dans la nature, quelques heures suffisent)! Ces hépatiques supportent à l’état sec de très hautes températures, qui peuvent atteindre 80°C sur des sols caillouteux, alors qu’à l’état humide, des températures de plus de 50°C les détériore irréversiblement {Mac Glime, 2006}.

Leur cycle de vie se déroule souvent en quelques semaines, comme chez Riccia cavernosa, une éphémérophyte, qui profite de conditions favorables et passe le reste de la saison sous forme de spores, assez ornementées, ce qui favorise leur dispersion par les animaux. Elles sont de grosse taille (60-120 µm en moyenne) par rapport à celles d’autres hépatiques, sont produites en nombre plus restreint (moins de 1000 par sporophyte) {Bischler, 2004} et gardent longtemps leur pouvoir germinatif.
 
Maintenance
Dry Start
Oui
Paramètres
Température
1 à 30°C
pH
5,5 à 7,5
GH
1 à 15
Aquarium
Eclairage
Brassage
Substrat nutritif
Recommandé
La Riccia fluitans peut être cultivée comme plante flottante ou accrochée à un support.
Si les conditions de maintenance sont bonnes, cette hépatique forme rapidement un tapis flottant qui peut servir de refuge pour des alevins ou pour les jeunes crevettes quand il est cultivé près du sol.
La riccia n'est pas très exigeante en ce qui concerne les paramètres de l'eau, cultivée au sol, elle nécessite en revanche un éclairage intense et de préférence un apport en engrais et CO2. il semble toutefois que la riccie craigne le manque de fer, l'excès de nitrate et de phosphate ainsi que l'envahissement par les algues filamenteuses.
Riccia fluitans peut être cultivée en tapis, sur un support. Il faut alors attacher la riccie à un support immergé, bois, roche, avec du fil de pêche ou l'emprisonner dans un filet. La riccie cultivée fixée doit être taillée régulièrement sans quoi elle pourrira à la base et se décrochera de son support.
Pour la culture en surface, il suffit d'y déposer quelques brins pour voir la surface recouverte en quelques semaines.Cultivée de cette façon, aucun apports de CO2 n'est nécessaire, puisque le gaz carbonique est directement absorbé dans l'air atmosphérique.
Riccia fluitans peut être cultivée en paludarium où elle colonisera les deux milieux, aquatique et terrestre.
Disponibilité commerciale : Commun
Riccia fluitans est proposée en culture in vitro (Tropica)
Sa culture fixée a été rendue populaire par Takashi Amano, Maitre de l'aquarium paysagé (aquascaping).

Une variété Riccia sp. "Nain" est proposée dans le commerce, mais il s'agit sans doute de la même plante.
Plantation et multiplication
Reproduction sexuée
La riccie est une plante dioïque très rarement fertile qui se reproduit principalement par voie végétative (bourgeonnement) lorsqu'elle est dans l'eau.
Les spores sont produites par la plante en dehors de l'eau et dans des conditions favorables pour sa survie. La face inférieure de la plante différencie alors des épaississements sphériques contenant des capsules sporales. Le sporangium est à peu près horizontal. Les spores ont un diamètre compris entre 56 et 75 micromètres.

Reproduction végétative
En aquarium, il suffira de repiquer un fragment ou de le laisser flotter pour qu'elle prolifère.
Commentaires
Étymologie : Le genre est dédié à Pierre-François Ricci, botaniste florentin du début du XVIIIe siècle et fluitans "flottant".
Références
INPN, DORIS, MNHN, IUCN
- Glossaire de botanique ou Dictionnaire étymologique de tous les noms et termes relatifs à cette science. Alexandre de Théis, Dufour 1810
- Bischler, H. "Hépatiques de la Méditerranée. Écologie, diversité et distribution" . J. Cramer, Berlin; Stuttgart. (2004)
-Blockeel, TL, Bosanquet, SDS, Hill, MO et Preston, CD (éds). "Atlas des bryophytes britanniques et irlandais" . in Publications Fish, Newbury. (2014)
- Brugués, M. et González-Mancebo, JM. "Lista Roja de los Briófitos Amenazados de España". in R. Garilleti et B. Albertos (eds), Atlas y Libro Rojo de los Briófitos amenazados de España , pp. 26–42. Organisme Autónomo Parques Nacionales, Madrid.(2012)
- Celle, J., Menand, M. et Wright, M. "Au sujet de trois Ricciacées rares en Midi-Pyrénées". in Isatis 10 (2010)
- Manju, CN, Rajesh, KP et Prakashkumar, R. "Sur l'identité des Riccia fluitans (Ricciaceae: Marchantiophyta) en Inde". in Acta Biologica Plantarum Agriensis 2 (2012).
- Schnyder, N., Bergamini, A., Hofman, H., Müller, N., Schubiger-Bossard, C. et Urmi, E. "Rote Liste der gefährdeten Moose der Schweiz" . Hrsg. BUWAL, FUB et NISM. BUWAL-reihe: Vollzug umwelt, Berne.(2004)
- Sérgio, C., Garcia, CA, Sim-Sim, M., Vieira, C., Hespanhol, H. et Stow, S. "Atlas e Livro Vermelho dos Briófitos Ameaçados de Portugal ". Universidade de Lisboa-Museu Nacional de História Natural e da Ciência, Lisboa. (2013)
- Biologie des hépatiques : http://www.afd-ld.org
Données personnelles GP

Pour citer cette fiche :"Riccia fluitans, Linnæus, 1753" B-Aqua / GP (2021-25)