Présentation générale
Les aquariophiles se plaignent souvent de la phase de démarrage des aquariums plantés. Ils ont souvent des problèmes d'algues, certaines plantes ne s'enracinent pas bien, plusieurs grands changements d'eau nécessaires, pas assez de masse végétale, nécessité d'attendre que les plantes poussent plutôt que d'acheter un grand nombre de plantes dès le début (raisons économiques) ... La liste est longue. Tous les aquariophiles savent que la réussite de cette phase de démarrage a une grande influence sur le devenir de l'aquarium dans les mois qui suivent.
Il existe une méthode pour s'éviter pas mal des problèmes évoqués précédemment : The Dry Start Method (DSM), méthode de démarrage à sec dans la langue de Molière. La méthode n'est pas nouvelle, mais redevient à la mode dans le sillage du Low Tech ou des ANP. Elle est aussi largement utilisée pour la production de plantes d'aquarium dans l'industrie. De quoi s'agit-il ?
La méthode part simplement de la constatation que la grande majorité des plantes de nos aquariums ne sont pas purement aquatiques, mais plus souvent des plantes palustres, capables de s'adapter à l’immersion totale. La DSM propose donc de les cultiver dans un aquarium sans eau durant quelques semaines. Elles bénéficient alors de ce que l'on appelle l'avantage aérien, à savoir une quantité illimitée de CO2 et des échange gazeux facilités au niveau des feuilles. La luminosité est aussi plus importante puisque la lumière n'est pas filtrée par l'eau. Il en résulte une croissance plus rapide des plantes.
Les avantages :
- Croissance plus rapide des plantes
- Obtention beaucoup plus rapide et simple des tapis de gazonnantes.
- Limitation des algues après la mise en eau de l'aquarium. Les plantes étant plus développées, elles concurrencent plus fortement les algues, ainsi la classique apparition de filamenteuses des aquariums jeunes est fortement amoindrie, voire inexistante.
- L'enracinement des plantes et l'accrochage des mousses pose moins de problèmes. En effet, les plantes ont le temps de créer un réseau racinaire ou d'adhérer à leur support, et ne se mettent pas à flotter lors de la mise en eau.
- La création du réseau racinaire permet aussi de tenir le substrat lors de la mise en eau. Ceci est très utile lorsque que le "Hardscape" est complexe et comporte des zones en forte pente.
- Possibilité de mise en culture des plantes pour les multiplier. Par exemple, planter une portion d'Eleocharis dans un Tupperware, et avoir après quelques semaine l'équivalent de 5 ou 6 portions, prêtes à être plantées dans l'aquarium.
- Comme il est largement plus simple de (dé)planter à sec, la méthode offre la possibilité de modifier facilement le positionnement des plantes lors de la conception du décor.
- Le cyclage du substrat commence durant cette phase. Le cyclage est légèrement plus rapide donc après la mise en eau, il est surtout plus robuste. Attention, ceci ne dispense absolument pas des 3 semaines nécessaire au cyclage du filtre.
Les inconvénients :
- La méthode prend du temps et nécessite donc un minimum de patience, voir d'anticipation sur la création de l'aquarium.
- Certaines plantes supportent mal les allés/retours entre émersion et immersion. Comme nous l’avons vu précédemment, les plantes sont produites en émergées. Dans un second temps, elles sont immergées en magasin le temps de la vente. Généralement, elles n’ont pas eu le temps de s’adapter à l’immersion, mais si elles sont restées un peu de temps dans les magasins, elles ont pu commencer à s’adapter. Elles vont alors se réadapter au milieu aérien… Ces changements de milieu brusques et répétés sur une courte période affaiblissent alors les plantes.
- Pour quelques espèces le changement de milieu est très difficile. L’une des plus connue pour cela est la cryptocoryne. Si elle supporte l'mmersion comme l'émersion, le changement de milieu est hasardeux et risque d'entrainer un fonte totale. Généralement, elle repartira, mais les avantages de la DSM sont en grande partie perdus.
Le démarrage d'aquarium
La mise en place
- Mettre en place du substrat. Celui-ci ne comporte aucune spécificité.
- Planter les plantes comme dans la méthode standard. Cette tâche est toutefois simplifiée par l'absence d'eau.
- Saturer en eau le substrat, sans dépasser son niveau.
- Fermer l'aquarium, surtout s'il s'agit d'un aquarium ouvert. La fermeture n'a pas besoin d'être hermétique, l'aquarium doit continuer a "respirer" tout en gardant une atmosphère très humide.
L’entretien
- Brumiser les plantes quasiment tous les jours, surtout les mousses qui ne doivent pas sécher.
- Il est possible de fertiliser durant un Dry Start, surtout si celui-ci vient à durer longtemps. On peut alors utiliser un engrais pour plantes verte, mais il est préférable d’arrêter cette fertilisation au moins une ou deux semaines avant la mise en eau.
La mise en eau
La mise en eau est assez simple, mais nécessite quelques précautions afin de ne pas détruire le travail effectué et garder tout le bénéfice de la méthode.
- Veiller à remplir l’aquarium avec de l’eau à température ambiante. Le plante, habitué à une température d’au moins 20°C n’apprécieront pas de passer brutalement à 5°C (température possible de l’eau de conduite en hivers). Chez les Cryptocorynes, par exemple, cela se traduira par une fonte totale en quelques heures (mais pas de panique, elles reprendront après quelques jours).
- Remplir très doucement l’aquarium afin de ne pas déraciner les plantes les plus délicates.
- Les plantes ont eu une forte abondance de CO2 dans l’air, un apport immédiat et important les aidera à passer le cap puis baisser graduellement les doses si on ne souhaite pas injecter du CO2 sur le long terme. On peut utiliser du CO2 liquide.
- Comme pour un aquarium « standard », attendre quelques semaines avant de fertiliser. Les plantes ont des réserves et il y a des nutriments naturellement dans l’eau.
Les erreurs à ne pas commettre
- Dans la mesure du possible, il est préférable de ne pas laisser les racines décoratives dans l'aquarium pour éviter d’y voir apparaitre des moisissures, même si celle-ci ne posent généralement pas de problèmes et disparaitront à la mise en eau.
- Le niveau de l’eau doit être inférieur à l’ensemble du substrat. En effet une fine couche d’eau au-dessus de celui-ci aura tendance à être très riche (nutriment venant du substrat et faiblement dilués) et très fortement éclairée. Les conditions idéales pour voir apparaitre des algues filamenteuses, de l’eau verte ou encore de cyanobactérie. Dans le cas d’un décore avec un relief important, l’eau remontera par capillarité. Dans les cas extrêmes, il sera peut-être nécessaire d’humidifier régulièrement les parties hautes qui auront tendance à sécher.
Combien de temps doit durer la DSM ?
Il n’y a pas de règle absolue sur la durée de la DSM. Celle-ci dépendra des plantes et surtout des objectifs. Il va sans dire que plus on laisse les plantes s’installer, plus la méthode apportera ses bénéfices. Généralement, on préconise une durée au moins un mois, mais rien n’empêche de continuer plus longtemps, notamment pour obtenir de beaux tapis de gazonnantes. Il est aussi évident aussi qu’une DSM de 3 jours ne sert à rien strictement à rien, voire aura un effet perturabateur.
Produire ses propres plantes
Lors de la mise en place d’un grand aquarium, ou de plusieurs aquariums, la quantité de plantes nécessaire peut rapidement devenir très importantes et représenter un coût élevé. En anticipant un peu la mise en place de cet aquarium, il est aussi possible de multiplier ces plantes via la DSM.
Pour cela, on peut créer sa propre pépinière. On utilise alors des pots ouverts ou fermés selon le besoin d’une atmosphère humide de la plante. Le substrat, saturé d’eau, devra être riche. On peut utiliser du terreau pour plante verte, ou de la terre forestière mélangée avec de l'argile verte et éventuellement d'un peu de sable. L’éclairage pourra être naturel ou artificiel. L’emplacement doit être un endroit chaud car la majorité des plantes viennent d’un milieu tropical.
Il ne reste qu’à y planter des boutures, des plantes divisés ou encore des graines de plantes aquatiques. Si besoin, quand la plante a pris suffisamment de volume, on peut la diviser à nouveau pour multiplier les plans.
Lors de la transplantation dans l’aquarium, il est préférable, mais pas indispensable, d’essayer de garder la motte de terre entourant les racines. C’est un paramètre à prendre en compte lorsqu’on crée nos pots de culture. En pratique, cela peut être assez délicat à réaliser suivant les plantes. Pour les gazonnantes, on peut soit déposer le tapis directement dans l’aquarium, doit diviser et repiquer les touffes les unes après les autres pour obtenir une surface encore plus grande.
Plantes compatibles
En règle générale, les plantes compatibles sont les plantes naturellement palustres ou terrestres, tandis que les plantes poussant naturellement immergées ne seront pas compatibles. Toutefois, la nature peut nous jouer des tours. Vous pouvez donc vérifier la compatibilité d'une plante avec la DSM dans la base de données "Plantes" du site.