Crevette des ruisseaux
La Caridine européenne est originaire des pays de l'Europe méridionale. C'est une des rares crevettes disponibles pour les bacs européens au biotope tempéré. Assez facile à maintenir et à reproduire, elle pourra partager l'aquarium avec des poissons du même biotope tempéré.

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Atyaephyra desmarestii
Taxinomie
Descripteur : Millet, 1831
Classe: Malacostraca
Ordre: Decapoda
Famille:  Atyidae
Genre:  Atyaephyra
Synonymes
Atyaephyra desmaresti, Millet, 1831
Atyaephyra desmaresti var. occidentalis Bouvier, 1913
Atyaephyra rosiana de Brito Capello, 1867
Atyaephyra spec de Brito Capello, 1867
Hippolyte desmarestii Millet, 1831
Symethus fluviatilis Rafinesque, 1814
Noms Communs
Crevette des ruisseaux
Caridine européenne
Caridine de Desmarest
European freshwater shrimp (en)
Membres du genre Atyaephyra
Atyaephyra desmarestii (Millet, 1831)
Origine géographique
Aire d'origine : Afrique, Europe
Algérie, Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Espagne, France, Italie, Maroc, Pologne, Portugal, République Tchèque, Tunisie, Turquie
Aire actuelle
Danemark, Pays-Bas, Russie
Atyaephyra desmarestii est originaire des pays circumméditerranéens et l'Europe méridionale.

Cette crevette est présente au nord de l'Afrique, et dans la partie sud de l'Europe, mais on la retrouve aujourd'hui bien plus au nord (jusqu'aux Pays-Bas).
En France, on la rencontre notamment dans les rivières de la Mayenne, de la Sarthe, du Gardon ou du Loir et aussi dans le Rhône. Cette crevette s'est adaptée partout en France à l'exception des massifs granitiques comme en Bretagne.
Dans le sud, elle disparaît à la suite des périodes d’assèchement des rivières pendant les canicules.

Il semble que suite aux glaciations du quaternaire, elle avait été cantonnée au pourtour méditerranéen, mais elle regagne actuellement le terrain perdu, d'autant plus vite qu'on lui facilite bien la tâche à l'aide des voies rendues navigables depuis le 18 ème siècle.
En effet, l'espèce a été décrite dans la région d'Angers par Millet en 1831. Elle y était déjà manifestement bien installée, ayant déjà profité des canaux creusés sous le règne des rois Louis XIV et XV. Elle a ensuite profité des voies navigables et du transport fluvial.
Environnement
Paramètres
Milieu
Douce, Saumâtre
pH
6 à 7
Conductivité
300 à 400 µS/cm
On trouve Atyaephyra desmaresti dans les eaux douces.
Elle préfère les rivières, les canaux, en plaine, avec des bordures riches en végétaux, à courant faible, dans des régions calcaires.
Elle est absente des massifs granitiques.
Le caractère euryèce euryhalin de ce crustacé a été démontré par plusieurs auteurs. Elle fréquente donc aussi occasionnellement les estuaires et l'eau saumâtre.

(Paramètres pour l'étang de la Provostière, plan d'eau connecté au canal de Nantes à Brest, dans l'Ouest de la France)
Typiquement localisée en Europe méridionale, elle est en voie d’expansion vers le nord. Elle a atteint les Pays Bas, a été signalée à l’est, dans le Danube et en Autriche, et même plus "haut" et plus à l'Est (Danemark, Russie).

Elle est considérée comme une espèce invasive.
En fait, elle progresse grâce à des conditions climatiques en évolution : augmentation des températures et modification des cycles hydrologiques. C'est une espèce en extension d'aire : l'Homme lui facilite les choses avec la construction des canaux. Elle aime bien se mettre sous les péniches où elle broute les salissures, et voyage ainsi.
Cependant, d'après Stephen ( 1939, in Packa Tchissambou 1979), la dispersion de l'espèce s'effectue, essentiellement, à partir des stades larvaires planctonique.
Description
Taille
: 1,5 à 2,5 cm SL  
: 2,5 à 4 cm SL
Respiration
Branchiale
Longévité
2 à 3 ans
Régime
Végétarien
La Caridine européenne mesure deux à quatre centimètres. Son corps est allongé, transparent, portant des taches vertes ou brunes, peu marquées.
Les jeunes sont presque transparents et les adultes ont une teinte générale brune ou rouge, plus rarement bleutée, avec des marbrures. Mais cette crevette change très facilement de couleur (du transparent au gris, bleu, rouge, vert...) ce qui peut rendre son identification difficile.
Le rostre est assez long et muni de nombreuses petites dents. Ses antennes sont particulièrement longues.
Les yeux sont pigmentés et bien développés.
Les deux premières paires de pattes sont terminées par des pinces dont les doigts sont creusés en cuiller et portent des touffes de poils.

L'activité de Atyaephyra desmaresti est plutôt nocturne, elle se nourrit des encroûtements sur les végétaux et les pierres, fréquentant les mêmes zones que les alevins de poissons, les larves d’invertébrés et les mollusques (Limnées). Elle se réfugie souvent dans les abris sous berge.
C’est aussi la nuit que survient la mue, tous les quinze à trente jours et plus selon l'époque de l'année.
Les basses températures (inférieures à 5° C) provoquent un allongement du cycle d'inter-mue (Descouturelle 1976)

La longévité de Atyaephyra desmaresti est de un à deux ans en milieu naturel. Ses principaux prédateurs sont les poissons et les oiseaux d'eau (hérons...).

Elle ressemble à la crevette des marais Palaemonetes paludosus juvénile, que l'on rencontre en eau saumâtre.
 
Régime Alimentaire
Atyaephyra desmaresti se nourrit de débris végétaux, de plantes aquatiques et des dépôts algaire.

Le régime alimentaire de cette espèce est essentiellement détritivore
Une étude des contenus digestifs révèle une préférence marquée pour les détri-tus (100 % Oc.) et les diatomées (71 %). Les chlo-rophytes (18,7 %), les cyanophytes (6,0 %) et les pro-tozoaires (5,4 %) sont effectivement moins souvent consommés.
On note parmi les algues, une consommation plus importante de diatomées (1,4 %) par rapport aux chlorophytes (0,14 %) et aux cyanophytes (0,016%). Les chlorophytes sont représentées seulement par des algues microscopiques non filamenteuses. Les cyanophytes ne représentent qu'un très faible apport dans le régime alimentaire d'Atyephyra.
Quand aux détritus, ils consistent principalement en du matériel très petit d'origine végétale en état avancé de décomposition. Ce sont également des restes d'algues vertes filamenteuses indéterminables et des fragments de valves de diatomées. Les détritus d'origine animale sont représentés par des spicules d'éponge, des restes de cuticule et des soies de microinvertébrés.
Les algues sont, cependant, absentes dans les estomacs de crevettes capturées en hiver, alors qu'au printemps, les diatomées font leur apparition. En été, parmi les algues, ce sont les chlorophytes et les diatomées qui sont les plus consommées.

En aquarium, elles se nourriront du bio-film recouvrant les pierres, racines, feuilles... mais aussi de végétaux ou d'animaux morts et autres "déchets".
On peut leur proposer toutes sortes de nourritures, spécialisées ou non, comme des aliments pour crevettes, aliments pour poissons de fond, légumes pochés... Dans des aquariums matures ou communautaires de grande taille, elles seront assez autonomes quant à leur alimentation. Elles ne nécessiteront alors pas de distribution de nourriture spécifique, tant que la compétition alimentaire n'est trop forte.
Dimorphisme
Le mâle est plus petit que la femelle
La longueur totale maximale des femelles et des mâles est respectivement de 36 et 29 mm, et le poids atteint par les femelles et de 250 mg contre 137 mg pour les mâles.

Sur l'ensemble des captures en milieu naturel, le rapport mâles/femelles est de 1,6. La population de caridine européenne semble donc constituée d'une plus grande proportion de femelle
Dangerosité
 
 
 Aucun
Maintenance
Population
6 minimum (12 recommandé)
Zone
Inférieure
Ratio M/F
1 / 1
Paramètres
Température
        1      11              28      30
pH
         6,5      7            7      7,5
GH
         2       6              15       20
Conductivité
         100     300          400     500
Brassage
Aquarium
Volume
20 l minimum (40 l recommandé)
Atyaephyra desmarestii est plutôt robuste. Même si vous devez l'acclimater idéalement au goutte à goutte comme tous les crustacés, elle peut très bien vivre en eau douce et en eau légèrement saumâtre.
Idéalement, l'eau doit être assez dure et le pH supérieur à 7.

A. desmarestii est détritivore et alguivore. Si votre aquarium est planté et que des algues s'y développent, vous ne devriez pas avoir besoin de les nourrir.
Opportuniste, la Caridine européenne n'hésitera pas à manger les paillettes destinées aux poissons. Si vous souhaitez quand même compléter son régime alimentaire, vous pouvez acheter la nourriture spéciale crevette trouvable en animalerie ou les pastilles destinées aux poissons de fond. Elle est particulièrement efficace pour manger les cadavres des poissons morts.

La cohabitation avec les petits poissons d'aquarium ne pose généralement aucun problème. A condition qu'ils partagent les mêmes exigences au niveau de la qualité de l'eau et qu'ils ne soient pas prédateur de crevettes.
En aquarium communautaire, il y a néanmoins toujours une pression prédatrice sur les juvéniles et pour minimiser les pertes, l'aquarium devra être très planté et comporter beaucoup de cachettes.

A. desmarestii mue toutes les deux semaines en été. Comme toutes les crevettes, elle est à ce moment là, très vulnérable. Le bac qui l'accueille devra comporter suffisamment de cachettes pour assurer sa sécurité.

Attention ! Atyaephyra desmarestii est considérée comme envahissante.
Détritivore, elle ne gène pas les espèces locales occupant la même niche biologique, néanmoins il faudra veiller à ne pas la relâcher dans la nature.

Disponibilité commerciale : Rare

Plutôt rare dans le commerce dédié, cette crevette est parfois confondue avec d'autres crevettes transparentes regroupées sous le nom "crevettes de verre" ou "crevettes fantômes" (Macrobrachium lanchesteri, Palaemonetes paludosus
Reproduction
Type
Ovipare
Difficulté
Possible
Paramètres
Température
15 à 25 °C
pH
6,5 à 7,5
GH
6 à 15 °GH
La période de reproduction de Atyaephyra desmaresti s'étend sur quatre mois : de mai à août.
La taille minimale des femelles à maturité est de 22 mm. La relation entre la fécondité et la taille de la crevette est de type linéaire.
Elle a été établie en comptant les œufs de soixante-neuf femelles ovigères. Le nombre d'oeufs varie entre 347 et 1499, pour des crevettes dont la taille oscille entre 24 et 35 mm.

La ponte survient d'avril à août et l'incubation des œufs dure environ trente-cinq jours et dépend de la température.
Après environ trois semaines environ, la femelle donne naissance à des zoés, qui passent par huit stades larvaires durant les trois semaines suivantes. Ensuite, elles se transformeront en juvéniles.
Ces stades se font en eau douce, mais peuvent se dérouler occasionnellement en eau saumâtre.

Aucune hybridation n'est connue à ce jour.
Commentaires
Étymologie : Atyaephyra, ce nom semble dérivé d'Atya, un nom de genre de crevettes d'eau douce (nom probablement d'inspiration mythologique lié à Atys), et de Ephyra ou Ephyre, une nymphe fille de l'Océan et de Téthys. et desmarestii "de Desmarest" en l'honneur d'Anselme Gaëtan Desmarest (1784-1838), zoologiste français.

Note : L'Atyaephyra desmaresti n'est pas la seule espèce de crevette utilisée en aquariophilie et présente naturellement en france. C'est le cas également de la crevette des marais avec qui elle partage beaucoup de points communs à commencer par leur ressemblance physique. Attention cependant ces deux espèces ne partagent pas exactement le même biotope et le même type d'eau. La Palaemonetes est une crevette plus fragile et plus compliquée à maintenir en captivité.
Références
GBIF, MNHN, INPN,
DORIS
- Christodoulou M. et al. "Freshwater Shrimps (Atyidae, Palaemonidae, Typhlocarididae) in the Broader Mediterranean Region: Distribution, Life Strategies, Threats, Conservation Challenges and Taxonomic Issues" in A Global Overview of the Conservation of Freshwater Decapod Crustaceans (2016)
- De Grave, S. 2013. Atyaephyra desmarestii. The IUCN Red List of Threatened Species 2013
- M. Meurisse-Génin, A. Reydams-Detollenaere, O. Donatti, Jean-Claude Micha "Caratéristques biologiques de la crevette d'eau douce Atyaephyra desmaresti Millet dans la Meuse" in Annales de Limnologie - International Journal of Limnology 21(2) (1985)
- "Leaf-litter preferences of the introduced freshwater shrimps Atyaephyra desmarestii and Neocaridina davidi". in Crustaceana 90 (2017)
- Descoulurelle (G.). "Différenciation des caractères sexuels femelles chez la crevette d'eau douce Atyephyra desmaresti Millet. (Crustacea, Décapode. Natantia)". Cn. Séanc-Soc. Biol. de Nancy, 169 (6) (1974)
- Descoulurelle (G.). "Influence de la température et de la sexualité sur la durée des stades d'intermue chez ta crevette d'eau douce Atvephvra desmaresti Millet". in Vie Milieu. XXVI (2) Sér. C. 149-172. (1976)
- Nourrison {M.)& Tchissambou (B.). "Influence de la temperature sur l'évolution d'une population de Caridines (Atyephyra desmaresti Millet) du site de la Maxe" in résultats préliminaires. Cah. Lab. Montereau. 7 (1940).
- Packa-Tchissambou (B.) "Observations sur la biologie de Atyephyra desmaresti" in Bull. Soc. Hist. Nat., Toulouse, 75. (1979).
- "Etude "in situ" des effets de la température sur la biologie de la crevette d'eau douce Atyephyra desmaresti Millet : cas particulier du bassin de rejet de la centrale thermique de la Maxe". in Thèse 31 cycle. Université de Metz, 91
- Vorstman (A.G.). "Investigation on the life cycle of Atvephvra desmaresti (Millet)". in Verh. Int. Verein., Limnol. 12 (1955)

Pour citer cette fiche :"Atyaephyra desmarestii, Millet, 1831" B-Aqua / GP (2022)