Saltarelle du Gabon
La Saltarelle gabonaise est une crevette "balais" originaire d'Afrique qui a la particularité de filtrer l'eau pour se nourrir.
Elle existe en plusieurs couleurs, qui peut varier du grisâtre, blanchâtre, bleu clair au brun rougeâtre à un bleu intense et peut aussi changer légèrement à chaque mue, en fonction du milieu et de l'alimentation.
Sa maintenance est assez aisée en respectant ses habitudes rhéophiles, mais son élevage est complexe, les larves de cette crevette nécessitant un passage en eau saumâtre.


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Taxinomie
Descripteur : Giebel, 1875
Classe: Malacostraca
Ordre: Decapoda
Famille:  Atyidae
Genre:  Atya
Synonymes
Atya sculptata Ortmann, 1890
Euatya sculptilis Koelbel, 1884
Noms Communs
Saltarelle du Gabon
Saltarelle gabonaise
Crevette bleue du Gabon
African Fan Shrimp (en)
African Filter Shrimp (en)
African Giant Shrimp (en)
Membres du genre Atya
Atya margaritacea (A.Milne-Edwards, 1864)
Atya scabra (Leach, 1816)
Atya gabonensis (Giebel, 1875)
Origine géographique
Aire d'origine : Afrique
Cameroun, République Démocratique du Congo, Gabon, Ghana, Libéria, Mali, Nigeria, Sao Tomé et Principe, Sénégal
Aire actuelle
Brésil, Surinam, Venezuela
La Saltarelle gabonaise est amphi-atlantique, présente de la République démocratique du Congo au Sénégal, ainsi qu'au Venezuela, au Suriname et au Brésil (Hobbs et Hart 1982). Cependant, les populations sud-américaines pourraient appartenir à Atya scabra (Mantelatto, FL comm. pers. 2012).

L'espèce est présente (si elle est effectivement viable) en très faible nombre en Amérique du Sud (Mantelatto, FL comm. pers. 2012). Il n'y a eu aucun signalement de cette espèce en Amérique du Sud au cours des quinze dernières années. Les populations sud-américaines pourraient appartenir, selon Mantelatto (2012), à Atya scabra.
En Afrique de l'Ouest, en revanche, l'espèce est considérée comme relativement abondante.
Environnement
Paramètres
Milieu
Douce, Saumâtre
La Saltarelle gabonaise vit dans les grandes rivières de plaine, souvent avec des courants rapides, sur un substrat partiellement rocheux, et dans les environnements de mangrove au substrat boueux dans les souches, les crevasses et les racines.
L'espèce est fortement rhéophile. L'extrémité des péréiopodes porte une griffe lui permettant de s'accrocher aux pierres et aux branches pour ne pas se laisser entrainer par le courant.
Cette espèce est considérée comme une espèce répandue en Afrique, sans menaces majeures connues. En tant que telle, elle est considérée comme "peu préoccupant". Même si les populations sud-américaines sont exclues, l'espèce serait toujours qualifiée de "préoccupation mineure".
Description
Taille
: 13 à 15 cm SL  
: 12 à 14 cm SL
Respiration
Branchiale
Longévité
8 à 10 ans
Régime
Omnivore
Atya gabonensis est massive. Son corps trapu peut atteindre douze à quinze centimètres dans la nature, mais en captivité, elle n'atteint généralement pas plus de neuf à onze centimètres.
Les Saltarelles gabonaises existent en plusieurs couleurs, qui peuvent varier du grisâtre, blanchâtre, bleu clair au brun rougeâtre et à un bleu intense. Ces crevettes peuvent aussi changer légèrement de couleur à chaque mue, en fonction du milieu et de l'alimentation.
Cette crevette utilise ses chélipèdes modifiés pour collecter les fines particules du fond ou les filtrer de l'eau en mouvement.

Le cycle de vie comprend des stades larvaires et post-larvaires en eau saumâtre.
 
Régime Alimentaire
Les Saltarelles gabonaises utilisent leurs chélipèdes modifiés (soies en forme de panache) pour collecter les fines particules du fond ou les filtrer de l'eau qui coule.

Les litières de feuilles de mangrove fournissent une base nutritive importante. Lors de la décomposition des litières de mangrove, un grand nombre de nutriments sont libérés et des détritus se forment. Qui sert également de pépinière essentielle pour les juvéniles après leur retour en eau douce.

Selon Obande R. A. et Kusemiju K, ces crevettes sont omnivores-détritivores. On trouve dans leur l'estomac :
- Des algues et détritus organiques. Ils formaient les principaux constituants de l'estomac constituant environ 61,9% des aliments en nombre et 88,5% en occurrence.
- Des diatomées formaient le deuxième plus grand constituant de l'estomac, représentant respectivement 20,9 % en nombre et 63,0 % en occurrence.
- Des morceaux d'insectes. Le troisième aliment le plus important était les parties d'insectes, qui constituaient 1,9 % en nombre et 5,0 % en occurrence.

La nourriture la plus consommée par l'espèce était les algues (les algues vertes étaient la nourriture préférée), suivies des détritus organiques. Les parties d'insectes étaient principalement mangées par des crevettes vampires de grande taille.

Il n'y avait aucune différence dans les habitudes alimentaires des groupes de taille car des algues, des parties d'insectes, des grains de sable et des détritus organiques étaient présents dans leurs estomacs, quelle que soit leur taille. Cependant, il a également été observé que les algues étaient l'aliment le plus consommé pour les crevettes de petite taille (2,0–5,9 cm), représentant 86% en nombre, pour le groupes de taille moyenne (6,0–10,9 cm), représentant 60 % puis pour le groupe de grande taille (11,0–14,0 cm), représentant 47 %.
Les biologistes ont trouvé des détritus organiques dans l'estomac de tous les groupes de taille.

En aquarium, ne donnez pas d'aliments pour crevettes ordinaires ou des flocons pour poissons. Il faut trop de temps à ce type de nourriture pour se dissoudre et ne convient pas à leur technique d'alimentation.
Néanmoins, si vous n'avez rien à leur donner, broyez les aliments en poudre très fine.
Dimorphisme
II n'est pas possible de faire la différence visuellement entre les mâles et les femelles au stade juvénile. Cependant, une fois qu'ils atteignent cinq ou six centimètres environ, le dimorphisme sexuel devient visible.

Il existe cependant une différence de taille entre les sexes, les mâles étant généralement plus gros que les femelles.
Les femelles ont des plaques abdominales plus grandes au début de l'abdomen que les mâles. La carapace est plus ronde et plus profonde dans la région ventrale.
Les mâles ont une première paire de pattes plus épaisse que les femelles. Particulièrement dans le deuxième segment derrière l'articulation principale de la patte, qui a également des poils très visibles.

Mais en retournant les animaux, le sexe peut être déterminé par l'examen du segment abdominal (nageurs). La femelle a une paire d'ovaires. Les ovules produits dans chaque ovaire passent à travers un oviducte jusqu'à un pore génital à la base de la troisième patte de marche. Alors que le mâle a une paire de testicules avec un canal déférent qui transporte le sperme vers une ouverture sur la papille génitale à la base de chaque cinquième patte de marche.
Dangerosité
 
 
 Aucun
Maintenance
Population
6 minimum (12 recommandé)
Zone
Inférieure
Ratio M/F
1 / 1
Paramètres
Température
        22      26              28      30
pH
         6,8      7            7,5      8
GH
         6       15              20       25
Brassage
Aquarium
Volume
100 l minimum (200 l recommandé)
Dans la nature, les crevettes du Gabon préfèrent les habitats de fond boueux, de mangrove ou de boue sablonneuse, mais l'espèce est fortement rhéophile.
L'extrémité des péréiopodes comporte une griffe lui permettant de s'accrocher aux éléments du décor pour ne pas se laisser entrainer.
Note : C'est cette griffe et ses habitudes nocturnes qui lui ont sans doute valu son surnom de "crevette vampire", et pas une quelconque propension à l'agression.

On veillera donc à lui composer un bac dont l'aménagement se rapproche au mieux de son milieu naturel.

Un substrat de roche ou de gravier peut convenir, mais un substrat mou (sable fin, boue) est préférable.
Ce type de substrat n'endommagera pas leurs "éventails" et, selon Obande R. A., Kusemiju K, les crevettes gabonaises consomment de fines particules de sable. Les biologistes ont en effet trouvé du sable dans 95,2% des spécimens examinés. On ne sait pas pourquoi elles font cela, peut-être juste parce que le sable fait partie des détritus ou qu'il aide à leur digestion.

Une filtration puissante (filtre Matten), ou mieux, une turbine munie d'un venturi assurera un mouvement constant de l'eau. En effet, une filtration trop efficace risquerait de débarrasser l'eau des particules nécessaires à l'alimentation de ces crevettes filtreuses. Voilà qui serait contre-productif.
Certains éleveurs privilégient l'eau verte, mais une eau chargée en matière organique semble suffisante.

Ce sont surtout des créatures crépusculaires et nocturnes, par conséquent, vous ne les verrez pas beaucoup dans la journée.
Contrairement aux crevettes bambous, qui ne se soucient de rien et se nourrissent à la vue de tous, les Saltarelles gabonaises choisissent généralement des points d'alimentation au sol près des cachettes. Par conséquent, vous devrez leur fournir ce type d'abri. Une fois qu'elles ont trouvé un endroit confortable dans le courant, elles préfèrent ne pas bouger.

Les crevettes gabonaises sont très timides et aiment les cachettes. Il semble qu'elles préfèrent les abris étroits, bien ajustés à leur taille. Une fois qu'elles ont trouvé la meilleur place, elles ne le quittent plus. Si l'abris devient trop étroit, elles peuvent l'aménager pour le rendre plus confortable.
Ces abris sont particulièrement importants après la mue lorsque les crevettes sont vulnérables. Pendant que le nouvel exosquelette durcit, les crevettes resteront cachées.
Les Saltarelles gabonaises ne grandissent pas vite et par conséquent, elles ne muent pas très souvent (peut-être à cause de leur longue durée de vie et de leur métabolisme lent).

Atya gabonensis apprécie de vivre en groupe. Souvent serrées les unes contre les autres, les crevettes gabonaises sont parfaitement pacifiques et ne menaceront aucun colocataire de quelque manière que ce soit. Elles n'ont pas de pinces et ne peuvent faire de mal à personne.
En conséquence, cette crevette pourrait partager son espace avec des poissons, mais sa grande taille et son mode de vie particulier limite sérieusement le nombre de candidats à la colocation.

Disponibilité commerciale : Rare

L'espèce est ponctuellement présente dans le commerce aquariophile européen. Elle est récoltée à petite échelle dans le nord du Nigeria ainsi qu'ailleurs en Afrique de l'Ouest.
Toutes les Saltarelles gabonaises disponibles dans le commerce des aquariums sont donc prélevées dans la nature.
Bien que cette espèce ne soit pas en danger (dans l'immédiat), on veillera, dans le cadre d'une aquariophilie responsable, à ne l'accueillir que pour en tenter la reproduction.
Reproduction
Type
Ovipare
Difficulté
Difficile
Paramètres
Température
26 à 28 °C
pH
7,6 à 8
GH
11 à 21 °GH
Le cycle de croissance des larves de la Saltarelle du Gabon comprend des stades larvaires et post-larvaires marin (saumâtre).
Chez les crevettes l'accouplement succède toujours à la mue, car à ce moment, la cuticule de la femelle devient molle et souple, ce qui rend la fécondation possible.
Selon Francis M. Nwosu, le pic de l'activité reproductive correspond à la saison des pluies.
Selon cette étude, le nombre d'œufs par femelle varie avec la taille de la porteuse. Dans une fourchette de taille de 6,5 à 11 cm, la fourchette de fécondité était de 850 à 12 220 œufs.

Synthèse de deux protocoles (Crustahunter ), Verburg Peter (2013) et Bauer Ulli, Brolowski Sandy et Kruck Martin (2013) :

Un réservoir de cinquante litres fera l'affaire. Vous ne pouvez pas vous passer d'un chauffage, d'un thermomètre et d'une pompe à air qui ne sera pas seulement utilisée pour l'aération, mais pour un filtre sous gravier. Sans filtre, il n'est guère possible de maintenir le milieu aquatique dans un état stable. Du gravier sera donc utilisé comme substrat. On peut avantageusement mettre de coté des petits réservoirs permettant les acclimatation lors des transferts eau douce/eau saumâtre et retour.

On se procurera du phytoplancton vivant comme nourriture, ainsi que du Liquizell et, plus tard, quelque chose d'un peu plus gros comme par exemple la nourriture pour Artemia (JBL).
Le sel marin sera utilisé pour préparer l'eau saumâtre à une concentration de 28 g/l, soit juste en dessous de la concentration de l'eau de mer. (30 g/l, 1 020-1 021 (Peter Verburg).
Les paramètres devront être constants : pH 7,6 – 8,0, GH 21, KH 10 – 15, (NO2 0, NO3 0). (pH : 7,8, GH : 11, NO3 : 20-30, T° : 26°C, 300 ppm selon Peter Verburg)

Le réservoir saumâtre devra être cyclé pendant quatre bonnes semaines, éclairé onze heures par jour afin que les bactéries et les algues appropriées puissent se développer.

Après l'accouplement, la femelle gardera les œufs pendant trois à quatre semaines (selon la température).
Après l'éclosion des larves, vous devez les sortir de l'eau douce et les mettre dans l'eau salée aussi vite que possible.
Il est important de séparer la mère des larves le plus rapidement possible, car elle peut manger environ 80% de sa progéniture en une nuit, en les attrapant avec ses fans.

Les larves de crevettes de Gabon ne pouvant pas tolérer l'eau douce pendant une longue période.
Siphonnez les larves de leur réservoir d'eau douce et mettez-les dans l'eau saumâtre. Il semble que l'acclimatation puisse être assez rapide, deux heures environ. (Peter Verburg).

Immédiatement après que les larves aient été placées dans le réservoir saumâtre, vous pouvez commencer à les nourrir.
Au cours des premières semaines, les larves nagent tête en bas. Elles ne contrôlent pas du tout leurs mouvements.
Pendant les trois premières semaines, elles seront nourris presque exclusivement de phytoplancton, quatre fois par jour. Il est préférable de doser le phytoplancton avec une pipette.

Lorsqu'elles sont dans leur quatrième semaine, les larves peuvent s'accrocher à de plus petites particules de nourriture.

Entre-temps, suffisamment d'algues doivent s'être développées sur la vitre, l'équipement du réservoir et le substrat. Si vous observez les larves (qui doivent avoir bien grossi à ce moment-là) brouter sur le fond, le verre ou le matériel, vous pouvez commencer à donner de la nourriture en poudre genre "Cyclop Eeze" en plus, mais allez-y doucement et ne nourrissez qu'en petites quantités.

Il leur faut trois mois pour atteindre le stade post-larvaire. Elles développeront alors des pléopodes et de petits éventails. Leur couleur commence à virer au brun rougeâtre ou au bleuâtre.
Les larves approchent d'un stade qui ressemble presque à une crevette complètement développée. Elles passent d'une position flottante verticale à une nage horizontale, et ils sont particulièrement actifs la nuit. Pendant la journée, elles vivent cachées, tout comme leurs parents.
Une fois que vous avez remarqué cette évolution, il est temps d'utiliser en complément un aliment liquide plus grossier.

Lorsqu'elles sont presque transparentes et qu'on peut voir les entrailles (une petite tache sombre dans le cou), et qu'elles nagent comme les adultes, après quatre mois environ,le moment est venu de les mettre dans un réservoir d'eau douce .
Procédez comme suit :
Remplissez un récipient avec de l'eau saumâtre de votre réservoir d'élevage et mettez-y vos crevettes. Ajoutez un peu d'eau douce du réservoir dans lequel elles sont destinées à aller toutes les trente minutes environ jusqu'à ce que la quantité d'eau douce soit le double de la quantité d'eau saumâtre issue du réservoir d'élevage.

Laissez le récipient pendant une journée (aéré, bien sûr) en observant comment vont les crevettes. Si elles vont bien, elles sont prêtes à rejoindre le un réservoir d'eau douce.

À ce stade, on ne nourrira que les parents, et les petites crevettes profiteront cette même nourriture.

Attention à la filtration. Elle doit être adaptée. Elle risque d'aspirer les petites crevettes, si elle n'est pas protégée par une mousse fine.

*Attention ! : Contrairement à certaines données que l'on peut trouver dans la littérature, le développement d'Atya gabonensis ne prend pas seulement quatre semaines. Selon U. Bauer et al., les larves ont mis presque quatre mois pour se développer en crevettes adultes, soit cent-vingt jours.
Commentaires
Étymologie : Si l'origine du nom de genre Atya n'est pas documentée (nom probablement d'inspiration mythologique lié à Atys), gabonensis "du Gabon" en revanche, indique son origine géographique.

Utilisation traditionnelle ou commerciale :
Holthuis (1980) mentionne au passage que l'espèce est considérée comme comestible au Ghana et au Cameroun, mais ne donne pas plus de détails.
Références
GBIF, IUCN,
- Bauer Ulli, Brolowski Sandy et Kruck Martin "Atya gabonensis breeding report" in Crustahunter (2013)
- De Grave, S. & Mantelatto, F. 2013. Atya gabonensis (errata version published in 2016). The IUCN Red List of Threatened Species 2013
- Hobbs, H.H.Jr. and Hart, C.W.J. 1982. The shrimp genus Atya (Decapoda: Atyidae). Smithsonian Contributions to Zoology 364: 1-143.
- Holthuis, L.B. 1980. FAO Species catalogue. Vol. 1. Shrimps and prawns of the world. An annotated catalogue of species of interest to fisheries. FAO, Rome.
- Francis M. Nwosu "Aspects of the Biology of the Gabon Shrimp Atya gabonensis, Giebel 1875 in the Cross River, Nigeria" in Journal of Fisheries International Vol. 4 : 58-61 (2009)
- Obande R. A., Kusemiju K . "Food and Feeding Habits of Atya gabonensis from Lower River Benue in Northern Nigeria" in West African Journal of Applied Ecology Vol. 13 No. 1 (2008)
- Verburg Peter "Atya gabonensis breeding report" in Crustahunter (2013)

Pour citer cette fiche :"Atya gabonensis, Giebel, 1875" B-Aqua / GP (2022)