Gourami réglisse de Bintan
Le Gourami réglisse de Bintan est un Paros qui fréquente les eaux noires, très acides et douces.
Sa rareté impose de ne le maintenir qu'en bac biotope spécifique, afin d'en assurer la reproduction, et la diffusion.


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Taxinomie
Descripteur : Kottelat & Ng, 1998
Classe: Actinopterygii
Ordre: Perciformes
Famille:  Osphronemidae
Genre:  Parosphromenus
Synonymes
Aucun
Noms Communs
Gourami réglisse de Bintan
Gourami réglisse bleu
Bintan Licorice Gourami (en)
Membres du genre Parosphromenus
Parosphromenus pahuensis (Kottelat & Ng, 2005)
Parosphromenus juelinae (Shi, Guo, Haryono, Hong & Zhang, 2021)
Parosphromenus phoenicurus (Schindler & Linke, 2012)
Parosphromenus nagyi (Schaller, 1985)
Parosphromenus paludicola (Tweedie, 1952)
Parosphromenus parvulus (Vierke, 1979)
Parosphromenus allani (Brown, 1987)
Parosphromenus bintan (Kottelat & Ng, 1998)
Parosphromenus deissneri (Bleeker, 1859)
Parosphromenus harveyi (Brown, 1987)
Parosphromenus linkei (Kottelat, 1991)
Parosphromenus ornaticauda (Kottelat, 1991)
Parosphromenus sumatranus (Klausewitz, 1955)
Origine géographique
Aire d'origine : Asie
Indonésie
L'espèce n'est actuellement connue que du nord de Pulau Bintan et de Pulau Lingga de l'archipel de Riau, ainsi que des bassins versants sud et ouest de l'île de Bangka à Sumatra, en Indonésie (Kottelat et Ng 1998, Tan et Ng 2005).

Des poissons d'apparence similaire ont été capturés à Sumatra et à Bornéo, de sorte que l'étendue complète de son aire de répartition n'est actuellement pas claire.
Environnement
Paramètres
Milieu
Douce
L'espèce semble être sténotopique Se dit d'un organisme ne tolérant qu'une gamme étroite de conditions environnementales ou ne pouvant s'adapter qu'à une gamme étroite de changements environnementaux Se dit d'une espèce présentant un faible intervalle de tolérance aux facteurs écologiques abiotiques et aux autres conditions environnementales.dans les habitats d'eaux noires associés aux forêts marécageuses de tourbe (Kottelat et Ng 1998).

La conversion à grande échelle des forêts marécageuses tourbeuses en forêts industrielles et en plantations de monoculture constitue une menace pour cette espèce (Giam et al. 2012).
Critère : B1ab(iii)+2ab(iii)
L'espèce est considérée comme vulnérable en raison de sa répartition restreinte dans les forêts marécageuses tourbeuses de Pulau Bintan, Pulau Lingga et de l'île de Bangka, en Indonésie (EOO inférieure à 20 000 km² et AOO inférieure à 2 000 km²), de sa présence dans seulement huit sites menacés, ainsi que de la forte probabilité d'être affectée par la dégradation/le défrichement en cours des forêts marécageuses tourbeuses.

L'espèce a fait l'objet d'efforts de conservation soutenus par la Bintan Resort Corporation à Pulau Bintan (Kottelat et Ng, 1998), visant à préserver et à entretenir les corridors verts autour de la partie nord de Bintan. Cependant, aucune mise à jour récente n'a été publiée sur l'efficacité de ces efforts.
Néanmoins, des recherches sur sa population, son cycle biologique et les menaces qui pèsent sur elle sont nécessaires, ainsi qu'un suivi des tendances de son habitat et l'élaboration d'un plan de gestion par zone. La protection du site et de son habitat est également recommandée. Des programmes d'éducation du public devraient être mis en place pour sensibiliser le public à la vulnérabilité de l'espèce due à la fragmentation ou à la modification de son habitat.
Description
Taille
: 2,5 à 3 cm SL
Respiration
Branchiale, Labyrinthe
Longévité
3 à 6 ans
Régime
Carnivore
On peut distinguer Parosphromenus bintan de ses congénères par la combinaison de caractères suivante : nageoire caudale arrondie avec un rayon médian non prolongé en filament ; nageoire pelvienne avec une extrémité filamenteuse blanche ; nageoires anale et dorsale des mâles avec des rayures et nageoire caudale avec des bandes concentriques dans la séquence suivante, de distal à proximal : étroites blanchâtres, étroites noires, étroites bleuâtres ou bleu-vert irisées, larges noires ou noir rougeâtre ; 11 à 13 rayons épineux et 5 à 7 rayons mous sur la nageoire dorsale (mode 12, 6) ; 11 à 13 rayons épineux et 8 à 10 rayons mous sur la nageoire anale (mode 12, 9).

Épines dorsales (total) : 11 - 13 ; épines dorsales molles (total) : 5 - 7 ; épines anales : 11 - 13 ; nageoire anale molle : 8 - 10. Nageoire caudale arrondie, avec un rayon médian non prolongé en un filament non ramifié ; un filament pelvien blanc ; nageoires impaires du mâle avec une succession de bandes (rayées sur l'anale et la dorsale, concentriques sur la caudale) dans la séquence suivante, de distale à proximale : étroites blanches ou hyalines, étroites noires, étroites bleuâtres ou bleu-verdâtres, et larges noires ou noir rougeâtre (Kottelat, M. and P.K.L. Ng, 1998). Diffère de Parosphromenus sumatranus par l'absence de la tache noire visible à l'extrémité postérieure de la base de la nageoire dorsale ; et un filament de nageoire pelvienne blanc (vs. noir) (Tan, H.H. and P.K.L. Ng, 2005).

Respiration aérienne facultative (Müller, J.: et al., 2022)
 
Régime Alimentaire
Cette espèce est principalement un micro-prédateur qui se nourrit de minuscules invertébrés aquatiques, c'est pourquoi dans l'aquarium il faut lui offrir une variété de petits aliments vivants tels que nauplies d'artémies, daphnies, moinas, des larves de moustiques, des micro-vers, etc.

Les aliments surgelés peuvent parfois être acceptés mais ne sont pas considérés comme suffisamment nutritifs et doivent être considérés comme une nourriture de secours.
La majorité des produits séchés sont refusés.

Attention ! : Les micro-prédateurs, ont besoin de chasser pour leur bien-être. Il est impératif de leur fournir régulièrement des proies vivantes afin d'attiser leur instinct.
Ne les nourrir qu'avec des paillettes sèches ou même des proies surgelées, conduit à une "clochardisation" délétère, et diminue leur espérance de vie.
Dimorphisme
Chez les mâles, les nageoires dorsale, anale et caudale présentent une fine marge blanchâtre à bleuâtre avec une bande sub-distale noire bordée intérieurement par une bande bleuâtre irisée ou vert bleuâtre.
La partie proximale de ces nageoires est noire et le bord inférieur/postérieur de la dorsale contient parfois une petite tache irisée bleuâtre ou verdâtre.
Les nageoires pelviennes sont vertes ou bleues irisées avec une pointe filamenteuse blanche, tandis que les nageoires pectorales sont hyalines.

Les mâles nuptiaux présentent une coloration globalement plus intense.
Les femelles sont beaucoup moins colorées et n'ont pas de bandes colorées sur les nageoires dorsale, anale et caudale.

Les femelles nuptiales perdent la majorité de leurs marques et adoptent une couleur beige pâle.
Les mâles et les femelles nuptiales présentent une barre sombre oblique traversant l'œil.

Les deux sexes sont également capables de changer rapidement de couleur en fonction de l'humeur et deviennent nettement plus foncés lorsqu'ils sont agressifs, par exemple.
Dangerosité
 
 
 Aucun
Maintenance
Population
3 minimum
Zone
Centrale, Supérieure
Ratio M/F
1 / 2
Paramètres
Température
              22                       28
pH
         3      4            6      6,5
GH
         1       2              4       5
Brassage
Aquarium
Volume
50 l minimum
La rareté de P. bintan impose de ne le maintenir qu'en bac biotope spécifique, afin d'en assurer la reproduction, et la diffusion.

C'est un habitant sténotopique* des forêts marécageuses tourbeuses et des ruisseaux d'eau noire associés.
Dans son habitat originel, la canopée est dense et des branches au-dessus de l'eau laisse très peu de lumière pénétrer la surface, et la végétation riveraine a également tendance à pousser vigoureusement et à ombrer davantage encore le cours d'eau.
L'eau est généralement teintée de noir par des acides humiques et d'autres produits chimiques libérés par la décomposition des matières organiques, la teneur en minéraux dissous est généralement négligeable et le pH est aussi bas que 3,0 ou 4,0.

On tâchera donc de reproduire au mieux le biotope particulier de l'espèce en aménageant un aquarium d'eau noire, douce et acide.

On y installera des racines et des branchages placés de manière à former quelques endroits ombragés, et des abris ; grotte constituée de pierres empilées, de pots de plantes en argile, de tuyaux de terre cuite ou même en plastique... pouvant servir de sites de frai.
L'ajout d'une litière de feuilles séchées offrira une couverture supplémentaire aux poissons, aux alevins notament, qui y trouveront les micro-organismes nécessaires à leur survie.
Les tanins et autres substances chimiques libérés par les feuilles en décomposition sont également considérés comme bénéfiques pour les poissons des eaux noires et acidifient l'eau. Les cônes d'aulne (strobiles) peuvent également être utilisés à cette fin.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser de la tourbe naturelle, dont la collecte est à la fois non durable et destructrice pour l’environnement.
Cependant, toutes les espèces de Parosphromenus nécessitent des conditions acides avec une dureté carbonatée négligeable et une dureté générale très faible, il peut donc être nécessaire d'utiliser un osmoseur, et celle-ci peut être encore acidifiée à l'aide d'acide phosphorique ou similaire si nécessaire.
Un substrat artificiel dit "sol technique" peut être aussi utilisé pour atteindre ces caractéristiques.

Comme d'autres espèces du genre, P. bintan préférera un éclairage faible. Vous devrez donc y ajouter des espèces de plantes aquatiques adaptées à ces conditions, comme Microsorum, Taxiphyllum ou Cryptocoryne spp., ainsi que des plantes flottantes, notamment Ceratopteris spp., qui tamiseront la lumière.

La filtration n'a pas besoin d'être trop forte, un filtre éponge à air comprimé ou équivalant suffit, et comme cette espèce sera préférentiellement maintenue en couple, un filtre peut ne pas être nécessaire du tout à condition que les poissons ne soient pas suralimentés et que le bac soit parfaitement équilibré.
Note : Certains éleveurs préconisent de petits changements d'eau hebdomadaires de 5 à 10 % du volume de l'aquarium, les changements irréguliers ou plus importants n'étant pas recommandés.

On peut maintenir un groupe mixte mais la plupart des éleveurs préfèrent maintenir P. bintan en paires sexuées Il semble que les alevins puissent survivre aux côtés de leurs parents, mais généralement pas en présence d'autres adultes non apparentés.

* Se dit d'un organisme ne tolérant qu'une gamme étroite de conditions environnementales ou ne pouvant s'adapter qu'à une gamme étroite de changements environnementaux

Disponibilité commerciale : Très rare

Ces dernières années, l'espèce a été observée très occasionnellement dans le commerce des aquariums (BW Low, obs. pers. 2012–2014).

Il est possible de trouvé dans le commerce des poissons vendus sous le nom de "Parosphromenus cf. bintan 'Sintang'"
Ils sont visiblement originaires d'un village de Sumatra, à la frontière de Jambi et Palembang. Les mâles arborent une coloration bleue intense.

Note : Son nom est parfois mal appliqué aux expéditions commerciales d'autres espèces, et il existe également un certain nombre d'autres poissons avec des nageoires caudales arrondies qui peuvent, ou non, être conspécifiques, notamment P. sp. 'blue line' et P. sp. 'Selatan' de Sumatra.
Reproduction
Type
Ovipare
Difficulté
Possible
Paramètres
Température
24 à 28 °C
pH
4 à 5
GH
1 à 4 °GH
Une augmentation temporaire de la température peut aider à induire le frai.

Attention ! : Il ne faut en aucun cas conserver ensemble différentes espèces de Parosphromenus, car les femelles de beaucoup d'entre elles sont très difficiles à distinguer et certaines sont sans aucun doute capables de s'hybrider.

Parosphromenus allani est un nidificateur de bulles paternel (Linke, 1991).
Certains mâles construisent en effet un nid à bulles rudimentaire à l'intérieur d'une "grotte" tandis que d'autres ne le font pas. Mais dans tous les cas, le mâle et la femelle tentent de fixer les œufs au plafond après leur libération.

P. bitan se reproduit normalement dans de petites grottes ou parmi la litière de feuilles et forme des liens de couple temporaires, le mâle étant seul responsable des soins aux œufs et à la couvée.

Les mâles sexuellement actifs forment de petits territoires au centre desquels se trouve une petite grotte normalement formée de litière de feuilles dans la nature, bien que dans les aquariums, toute structure appropriée puisse être choisie.

Ils tentent ensuite d'attirer les femelles des environs pour qu'elles entrent dans la grotte par des démonstrations spectaculaires.
Les Parosphromenus spp. ont été regroupés arbitrairement en fonction du comportement de parade nuptiale des mâles qui adoptent une position "tête en bas", "tête en haut" ou "horizontale" selon l'espèce.
P. bitan appartient au premier groupe, plus spécifique, dans lequel le mâle adopte une position presque verticale avec la tête la plus basse et les nageoires écartées lors des parades nuptiales.

Les œufs et la laitance sont libérés par lots au cours d'une série d'étreintes au cours desquelles le mâle enroule son corps autour de celui de la femelle.
Les pontes ultérieures peuvent déloger les œufs du toit de la grotte, et les adultes inexpérimentés les mangent parfois tout simplement, il faudra donc un certain degré de patience jusqu'à ce que les poissons fassent les choses correctement.

Ces nains parmi les anabantoïdes vieillissent étonnamment et peuvent facilement atteindre cinq ans ou plus. Ils compensent ainsi le faible nombre d'œufs qu'ils produisent par ponte – généralement moins de vingt.

Après une ponte réussie, la femelle quitte la grotte et continue à défendre la zone environnante tandis que le mâle s'occupe de la couvée.

L'incubation dure normalement de un à deux jours, les alevins étant mobiles environ quatre à six jours plus tard.
Au début, ils nagent sans direction et le mâle les récupère et les ramène au "nid", mais après trois à cinq jours supplémentaires, ils nagent librement et quittent la grotte, moment auquel les soins parentaux cessent.

Les alevins peuvent avoir besoin de paramécies, ou de rotifères comme premier aliment, mais sont rapidement capables d'accepter des nauplies d'Artémies fraichement éclos.

Si l'aquarium est bien agencé, ils peuvent souvent être élevés aux côtés des parents, mais dans des configurations plus basiques, ils doivent être retirés et élevés en bac spécifique.
Commentaires
Etymologie : Parosphromenus du grec, para "à côté" et osphromenus faisant référence aux Osphronemidae (proche des Osphronemidae) et bintan, du nom de la Bintan Resort Corporation (Indonésie et Singapour) qui a soutenu le travail des auteurs et, bien sûr, de l'île de Bintan sur laquelle cette espèce est présente.
Références
GBIF, IUCN,
Fishbase, Seriously fish
The Parosphromenus Project. Available at: https://www.parosphromenus-project.org/en/.
- Finke, P. (ed.) "The Parosphromenus Project." in World Wide Web electronic publication, http://www.parosphromenus-project.org
- Giam, X., Koh, L.P., Tan, H.H., Miettinen, J., Tan, H.T.W. and Ng, P.K.L. 2012. Global extinctions of freshwater fishes follow peatland conversion in Sundaland. Frontiers in Ecology and the Environment 10(9): 465–470.
- Kottelat, M.; Ng, P. K. L. (1998). Parosphromenus bintan, a new osphronemid fish from Bintan and Bangka islands, Indonesia, with redescription of P. deissneri. Ichthyological Exploration of Freshwaters. 8 (no. 3): 263-272.
- Kottelat, M. and P. K. L. Ng, "Diagnoses of six new species of Parosphromenus (Teleostei: Osphronemidae) from Malay Peninsula and Borneo, with notes on other species." in Raffles Bulletin of Zoology Supplement 13: 101-113 (2005)
- Kottelat, M. "The fishes of the inland waters of southeast Asia: a catalogue and core bibiography of the fishes known to occur in freshwaters, mangroves and estuaries". in Raffles Bulletin of Zoology Supplement No. 27: 1-663 (2013)
- Linke, H., "Traveling in Licorice Gourami biotopes." in Amazonas Sep/Oct 2012: 29-34 (2012)
- Low, B.W. "Parosphromenus bintan". The IUCN Red List of Threatened Species 2019
- Müller, J.: et al., 2022. Air breathing among fishes: an updated and annotated checklist. To be published. Currently, data entered from a draft, with original source references.
- Rüber L., R. Britz and R. Zardoya, "Molecular phylogenetics and evolutionary diversification of labyrinth fishes (Perciformes: Anabantoidei)." in Systematic Biology 55(3): 374-397 (2006)
- Schindler, I. and H. Linke, "Two new species of the genus Parosphomenus (Teleostei: Osphonemidae) from Sumatra." in Vertebrate Zoology 62(3): 399-406 (2012)
- Tan, H.H. and Ng, P.K.L. 2005. The labyrinth fishes (Teleostei: Anabantoidei, Channoidei) of Sumatra, Indonesia. Raffles Bulletin of Zoology Supplement (13): 115-138.

Pour citer cette fiche :"Parosphromenus bintan Kottelat & Ng, 1998" B-Aqua / TE, GP (2018-25)