Suite à une marque de Findusse sur l'incohérence des sources sur le sujet, je me permets une petite réflexion… qui demandera à être étoffée au gré des remarques bien sûr.
Quel volume ? Pour combien de poissons ?
Voilà une question mille fois posée sur les forums spécialisés qui donne lieu à autant de réponse que de sources consultées.
Mais pourquoi donc ? N’existe t-il pas une formule miracle qu’il suffirait d’appliquer ?
Remontons ensemble aux sources du problème voulez-vous ?
Il a existé par le passé des formules miracles dont la plus célèbre était : "Un centimètres de poisson par litre d’eau".
Il va de soi qu’elle est stupide puisqu’il suffirait d’un bac d’un mètre pour accueillir un brochet de la même taille… pourtant il se trouve encore des gens pour la citer au 21
ème siecle !

Certains répondront alors que "la formule ne s’applique pas aux grands poissons". Bien, je vais donc mettre vingt-cinq micro-prédateurs de type Dario dans mon cinquante litres… bonjour le carnage !
Bref la formule ne s’applique à rien. Ce qui est dit est dit !
En fait, s’il existait une formule, elle serait si compliquée à utiliser que personne ne le ferait.
De nos jours, personne ne mettrait un poisson-rouge de vingt centimètres dans un bocal… ah si en fait, certains le font…
Je recommence. De nos jours, aucun aquariophile ne mettrait un poisson-rouge de vingt centimètres dans un bocal. Mais comment choisit-on un bac si on veut bien faire les choses ?
Si le confinement nous a appris quelque chose, c’est bien qu’un appartement sera vite trop petit dès lors qu’on devra y rester enfermé en permanence.
C’est le cas de nos poissons. Ils passent leur vie entière dans un "appartement" sans pouvoir en sortir, avec des copains pas toujours bienveillants, leur progéniture parfois turbulente… et parfois des voisins encombrants et pas de chaises pour tout le monde.
Bien. On vois à peu près de quoi il retourne. Mais pourquoi diable les sources donnent-elles des valeurs si différentes ?

Alors voyons voir comment estimer le volume vital nécessaire à une espèce donnée.
La première chose qui vient à l’esprit, comme on l’a vu plus haut, c’est la taille des locataires (Opabinia préfère dire "la morphologie", ce qui, en effet est plus juste) .
Globalement, plus un poisson est grand plus il a besoin de place.
Pour reprendre l’analogie avec nous-autres les humains, il va de soi qu’une personne de grande taille trouvera le plafond trop bas, et un bambin les chaises trop hautes.
On ajoute ici un paramètre important. Pour un poisson le volume est important, mais la longueur, la profondeur, ou la surface aussi. Tout dépend de ce qu’il en fait.
Une passionné de littérature prendra toujours moins de place qu’un adepte de la randonnée… mais rien n’empêche d’être à la fois l’un et l’autre.
On peut donc estimer la longueur d’un bac en multipliant la taille du poisson par… disons dix fois. Ce qui parait raisonnable… ou pas.
Si certaines espèces comme les killies annuels peuvent se satisfaire d’un trou d’eau, d’autres d’une taille similaire, auront besoin d’un espace de nage aussi long que possible.
On revient à la case départ.
Mais pourquoi diable les sources donnent-elles des valeurs si différentes ?
La taille n’est pas le seul critère de choix, certes, mais quoi d’autre ?
L’écologie ?
Bon sang mais c’est bien sûr !
Un poisson de rivière, généralement très bon nageur, aura besoin de courant. Hors il est quasiment impossible de créer le flux laminaire propre à reproduire le courant d’un fleuve, dans un petit bac.
Bah, un poisson de rivière de quinze centimètres dans un bac d’un mètre cinquante ça colle toujours, non ? Mon trois cents litres est bien sur ce coup là !
Pour un poissons de banc, ou même raisonnablement grégaire pas de problème, mais le même avec une humeur de ministre après un « conclave » avec les syndicats… et c’est le drame.
L’éthologie alors ?
Bon sang mais c’est bien sûr ! (bis repetita placent)
Bien. Pour rentrer dans la formule lapidaire « Dix longueurs de nage » notre poisson devra être grégaire… et ne pas avoir de voisins.
Il faut rappeler ici, que les volumes donnés ne concernent qu’une seule espèce. Chaque espèce ajoutée devra bénéficier de son volume vital propre et si celui-ci interfère sur ceux des autres espèces le volume vital doublera, triplera même parfois !
Il suffit souvent de visualiser les vidéos de biotope pour se faire une idée de la densité naturelle des populations.
Un mélange des trois donc ?
La taille adulte des poissons, l’écologie et l’éthologie, qui sont propres à chaque espèce doivent être pris en compte pour déterminer le volume vital nécessaire à chaque espèce.
Pas si compliqué en somme.
Pas compliqué, mais suffisamment complexe pour rebuter la plupart d’entre-nous.
Pour un sédentaire territorial, on devra tenir compte de la surface et non du volume. Chaque individu devra avoir son territoire, mâle comme femelle.
Pour un poisson de surface, on devra parfois faire comme si le volume d’eau sous lui n’existait pas. Les Gourami par exemple détestent la présence de locataires du dessous. Ce qui limite énormément la place disponible pour d’autres espèces, n’est-ce pas ?
Pour les espèces potamodromes, ou soumises à des variations saisonnières, la taille du bac devra tenir compte de deux milieux distincts (ou plus), ou d’une configuration permettant de simuler les changements de paramètres et/ou de décor. C’est toujours plus facile dans de grands bacs. Les petits n'y sont généralement pas adaptés.
Mais alors pourquoi diable les sources donnent-elles des valeurs si différentes ?
La vérité c’est que je n’en sais rien.
La plupart du temps je me demande vraiment comment elles arrivent à de telles valeurs ?
Tout porte à croire que des valeurs anté-diluviennes, datant de la belle époque où le bien-être animal n’était pas pris en compte, circulent encore et sont sans cesse recopiées sans se poser de question.
Certains sites se disent néanmoins que les volumes de jadis sont franchement sous-évalués, et augmentent à la louche leurs "volumes vitaux"... d’autres ne se posent même pas la question.
Pour les sites qui proposent des animaux à la vente en revanche, on comprend bien que le but est de refiler le plus de poissons possible. Ceci explique sans doute cela.

En ce qui me concerne, si je souscris à la règle des trois (Morphologie, écologie, éthologie) et donc propose souvent un volume idéal plus élevé que sur la plupart des sites, je peux justifier mon choix.
D’expérience, et ce n’est pas les confinés de la COVID qui me contrediront, le manque de place engendre le stress.
Chez les poissons (mais pas que…), le stress mêne à la dépression ou à la violence, et diminue l’espérance de vie.
Chez moi les poissons sont logés grand, voire très grand, et restent en famille dans un bac conçu spécialement pour eux. Ils vivent longtemps, ne connaissent pas la maladie, se reproduisent chaque année, meurent de vieillesse…
Voilà pourquoi les volumes vitaux des fiches que je rédige sur la base de données de B-Aqua sont plus élevés que dans certains sites peu regardant.
Mais ce n’est que mon avis, bien sûr. Libre à vous d’en tenir compte ou pas.
Je vais tâcher de prendre quelques exemples concrets pour illustrer mes choix. À suivre...