Rasbora sarawakensis fréquente des ruisseaux forestiers au débit plutôt lent, avec une végétation émergente dense, souvent situés à l'ombre de la canopée de la forêt tropicale. Le lit de ces ruisseaux est normalement constitué d'une épaisse couche de limon recouverte de branches d'arbres tombées et de feuilles mortes. L'eau est généralement relativement claire mais a une couleur brun pâle due aux tanins libérés par la matière organique tombée dans le ruisseau lors de sa décomposition.
Il s'agit sans doute d'une espèce qui profite de deux milieux différents.
Dans le premier, l'eau a tendance à être claire avec un pH compris entre 6,5 et 7,5, tandis que dans le second, elle est typiquement colorée en brun en raison de la libération de tanins et d'autres produits chimiques libérés par la décomposition de la matière organique, très douce (dont la dureté est négligeable) et acide ( pH 4,0 à 6,0).
Ces environnements forestiers sont souvent faiblement éclairés en raison de la canopée des arbres au-dessus.
On tâchera donc de reproduire dans un grand bac de type "rivière", le biotope particulier de l'espèce en simulant, tant que faire se peut, ces deux milieux.
Attention ! : On considère souvent qu'un poisson potamodrome ou qui, dans la nature, est soumis à de forte variations saisonnières, est facile à maintenir car supportant une large palette de paramètres de l'eau. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Un poisson soumis à de fortes variations saisonnières a un besoin vital de ces changements naturels. Il est donc impératif de les lui fournir. (N.D.A.)
On composera un bac d'un mètre cinquante minimum car R. sarawakensis est un bon nageur qui doit avoir de l'espace. Il devient nerveux et peut devenir agressif lorsqu'il est maintenu dans un espace trop petit.
Le choix du décor n'est pas aussi critique que la qualité de l'eau, mais le choix du décor reste important.
Un grand aquarium "rivière" avec un substrat de roches et de graviers émoussés de tailles variables (galets) et quelques gros rochers usés par l'eau.
Le réservoir peut être meublé de branches de bois flotté placé en arrière du bac, et de plantes aquatiques pour une valeur esthétique. Bien que la grande majorité des espèces végétales ne parviennent pas à prospérer dans de telles conditions, il est possible d'inclure des espèces rustiques telles que les fougères de Java, les Bolbitis ou les Anubias qui peuvent être cultivées attachées au décor.
Un écoulement unidirectionnel "laminaire" sera privilégié, et une filtration efficace sera nécessaire.
Cependant, celle-ci devra être modulable afin de pouvoir simuler saisonnièrement le milieu forestier.
Pour recréer ce changement, on devra limité le flux et reproduire un environnement de type marécage de tourbe avec un éclairage tamisé, des racines et des branches, de la litière de feuilles et de véritables fibres de tourbe ajoutées au filtre.
Le réservoir devra avoir un couvercle, car cette espèce chasse en surface et saute régulièrement.
Comme beaucoup d’autres espèces originaires d’environnements naturels aussi vierges, elle ne tolère pas l’accumulation de déchets organiques et a besoin d’une eau impeccable à tout moment pour prospérer.
Attention ! : Il est important de se renseigner sur l'origine des poissons convoités avant de l'acheter, car les populations pêchées en eaux vives peuvent nécessiter une acclimatation à des conditions plus acides et moins oxygénées et vice versa.
Les poissons élevés en captivité sont susceptibles de s'adapter aux deux types de conditions, mais les poissons sauvages pourraient être plus délicats à acclimater.
C'est sans doute la raison pour laquelle cette espèce semble avoir du mal à s'intégrer si elle est ajoutée trop rapidement à l’aquarium. Une acclimatation longue et soignée sera impérative.
Cette espèce est très paisible, ce qui en fait un résident idéal dans une communauté. Cependant, il peut déranger ses compagnons lents ou beaucoup plus timides.
De par sa taille, il ne convient donc qu'aux grands aquariums contenant des espèces suffisamment grandes et audacieuses.
Il existe de nombreux choix appropriés, notamment de nombreux cyprinidés, loches, cichlidés, poissons-chats et characins. Une communauté basée autour d’un de ses pays d’origine ou d’un bassin fluvial constituerait également un projet intéressant avec des alternatives intéressantes.
Note :Il convient cependant de noter que même si les espèces évoquées dans la paragraphe "biotope" peuvent être compatibles avec R. sarawakensis dans certains cas, elles ne le sont pas entre elles et, comme toujours, lors de la sélection d'une communauté de poissons, des recherches approfondies sont essentielles.
C'est une espèce grégaire par nature et elle doit être maintenue en groupe d'au moins six individus et plus si possible. Les poissons présentent alors de meilleures couleurs en présence de congénères, sont moins nerveux et leur comportement est beaucoup plus naturel.
Disponibilité commerciale : Très rare
L'espèce est présente dans le commerce des aquariums à l'échelle mondiale, bien que sa disponibilité soit probablement sporadique en Europe.
R. sarawakensis, comme prise annexe, est à rechercher parmi les expéditions de poissons sauvages du sud/ouest de Bornéo.
La surpêche fait cependant partie des menaces localisées et on tâchera de n'accueillir ce poisson que dans le cadre d'un élevage visant à diffuser l'espèce.